MICI : L'effet anti-inflammatoire des anti-TNFs ne se limite pas à la sphère intestinale

MICI : L’effet anti-inflammatoire des anti-TNFs ne se limite pas à la sphère intestinale

Parmi la diversité des traitements à destination des patients souffrant d’une maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI), les anti-TNFs font aujourd’hui partie des traitements de référence. Prescrits pour lutter contre l’inflammation intestinale, les anti-TNFs permettraient également de réduire les risques d’accidents artériels aigus. Explications.

MICI et risques d’accidents artériels aigus

Le groupe de recherche français BERENICE signalait l’an passé que le risque d’accidents artériels aigus chez les personnes souffrant de MICI est plus conséquent que dans la population générale. Un risque plus élevé notamment en fonction de la sévérité de la maladie et de l’âge des patients. Sur les 177 827 patients de la cohorte, 4145 événements artériels ont été recensés entre 2010 et 2014. Soit 5,4 événements pour 1000 personne-années. Il semblerait que l’inflammation généralisée chronique amplifie le risque d’athérosclérose. Or, cette dernière est associée à diverses complications comme l’accident vasculaire cérébral (AVC), le syndrome coronarien aigu (SCA) ou encore la maladie artérielle périphérique (MAP).

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Afin de parvenir à ce constat, le Pr. Julien Kirchgesner explique à l’Inserm qu’il a utilisé le Système national de données de santé (SNDS). Ce dernier regroupe « les données de délivrance des traitements en ambulatoire et données d’hospitalisation de plus de 98% de la population générale, et dont la taille permet d’étudier l’impact des traitements selon les différents sous-groupes de patients ».

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MICI : L’effet anti-inflammatoire des anti-TNFs ne se limite pas à la sphère intestinale

Pour rappel, les anti-TNFs, pour anti-Tumour Necrosis Factor (TNF), sont à ce jour les molécules les plus puissantes afin de traiter les patients atteints de MICI. Depuis 2014, 3 anti-TNF ont une Autorisation de mise sur le marché (AMM). L’infliximab (maladie de Crohn luminale et fistulisante et rectocolite hémorragique), l’adalimumab (maladie de Crohn luminale et RCH) ainsi que le golimumab (RCH). Les anti-TNFs sont precrits en cas de signes inflammatoires objectifs, nécessitant une endoscopie, et pas seulement en présence de symptômes.


Face aux risques cardiovasculaires chez les personnes atteintes d’une MICI, le Pr. Kirchgesner a souhaité vérifier si l’effet anti-inflammatoire des anti-TNFs avait aussi des répercussions sur les complications liées à l’athérosclérose. Pour ce faire, l’équipe a identifié au sein de la cohorte tous les patients avec un diagnostic de MICI antérieur à 2012. Puis les délivrances d’anti-TNFs et des thiopurines (classe de médicaments anti-inflammatoires plus anciens) relevées.

Et les résultats sont là : le traitement par anti-TNF est associé à un plus faible risque cardiovasculaire, de l’ordre de 21%. Le risque diminue davantage (-40%) encore chez les hommes souffrant de la maladie de Crohn. Les thiopurines ne révèlent néanmoins aucune réduction vraiment significative. Pour le Pr. Kirchgesner, « cette différence est due au degré de rémission potentiellement obtenue sous anti-TNFs, notamment à la régression des marqueurs biologiques de l’inflammation ».

Pour un traitement avec la meilleure balance bénéfice-risque

L’impact positif des anti-TNFs sur l’athérosclérose et ses complications doit être pris en compte. Comme le relate le Pr. Kirchgesner, « à l’ère de la médecine personnalisée, il est indispensable de prendre en compte l’ensemble des caractéristiques du patient afin de lui proposer le traitement avec la meilleure balance bénéfice/risque ». Les bénéfices ? Un risque d’accident artériel aigu moindre et la rémission de la maladie plus fréquente grâce aux anti-TNFs. Les risques ? Les anti-TNFs sont associés à des risques d’infections et de certains cancers. Le risque de lymphone (cancer du système lymphatique) est notamment multiplié par 2 à 3 avec un traitement anti-TNF. Le risque de cancer de la peau est lui aussi plus conséquent avec ce type de traitement. À l’échelle individuelle, le risque reste faible et doit être mis en balance avec le bénéfice de ces traitements.

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Sources :

-Kirchgesner J. et al., « Risk of acute arterial events associated with treatment of inflammatory bowel diseases: nationwide French cohort study », Gut, 24 août 2019.
Inserm,
Ansm,
Cregg,
FMC Gastro,
AFA.

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