Les corps cétoniques

Puiser dans les graisses grâce aux corps cétoniques : la base du régime cétogène

Le régime cétogène ou même le régime « low carb » ça vous parle ? Il s’agit d’un régime qui puise dans les graisses via les « corps cétoniques ». Peu connus du grand public, ces corps cétoniques sont une alternative aux glucides : en leur absence, c’est eux qui assureront l’apport énergétique dont certaines cellules ont besoin. Alors intéressant ou pas ? Nous vous disons tout sur ces composés !

Les corps cétoniques dans l’organisme

La formation des corps cétoniques a lieu dans le foie, et se passe lors de la « cétogenèse » (= la formation de corps cétoniques).

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1- La cétogenèse se fait principalement lors d’un jeûne glucidique

Lors de jeûne glucidique, la dégradation des acides gras (donc issus des lipides) produisent la formation de molécules intermédiaires (acétyl CoA). Cet excès d’acétyl CoA est à son tour générateur de composés appelés corps cétoniques :
– Acide acétylacétique qui donnera l’acétone,
– L’acide β-hydoxybutyrique,
Au-delà de ces noms barbares et presque impossibles à retenir sauf pour les biochimistes, il est important de retenir que la cétogenèse n’arrive que lorsque l’organisme est en manque de glucides.

2- Devenir des corps cétoniques : la cétolyse

Une fois formés dans le foie, les corps cétoniques passent dans le sang et les cellules gluco-dépendantes les utilisent à la place du glucose, faute de glucides.
La cétolyse est le mécanisme qui permet la dégradation des corps cétoniques :
– L’acétone formée de manière irréversible sera éliminée par la respiration (hum hum : votre haleine aura donc une odeur d’acétone. Comme dans le film La cité de la peur par les Nuls : « Prenez un chewing-gum Emile ! ») et les urines,
– Les autres corps cétoniques sont reconvertis en Acétyl CoA.


Par la suite, cette molécule intermédiaire (Acétyl CoA) est transformée pour assurer les besoins énergétiques.

Ces corps cétoniques sont donc une importante source d’énergie pour le cerveau ou d’autres tissus gluco-dépendants (tissus musculaire, tissus cardiaque, etc…) soumis à un jeûne glucidique.

Le foie est le carrefour des voies métaboliques

C’est lui qui va donc contrôler l’une des voies métaboliques préférentiellement à l’autre de façon personnalisée. Le foie utilisera de préférence les acides gras comme source énergétique pour ses fins personnelles et privilégiera la voie métabolique des glucides pour les autres tissus. Néanmoins, il utilisera la voie métabolique des lipides pour les autres tissus en l’absence des glucides. C’est lui qui réceptionne toutes ces informations pour assurer les besoins de tous les corps.

A l’inverse, les cellules musculaires privilégieront quant à elles la voie métabolique des glucides tant que ceux-ci sont apportés par l’alimentation. Et la cellule musculaire bloque la voie métabolique des lipides : c’est le cas pour des efforts courts et de fortes intensités où le glycogène (sucre de réserve du muscle) est suffisant. En revanche, ce n’est plus le cas lorsque les efforts sont prolongés où les glucides peuvent manquer. Là encore, l’organisme s’adapte en fonction des informations qu’il a et il enverra les informations à bon escient pour assurer les fonctions de l’organisme selon chaque situation.

Les pouvoirs cachés du foie

3- Synthèse des corps cétoniques

Plusieurs voies sont activées de façon chronologique lorsqu’on limite fortement les apports en glucides alimentaires (apports < 30 à 50g de glucides par jour) :
– Utilisation des réserves glucidiques (glycogène),
– Utilisation de protéines (notamment des acides aminés gluco-formateurs),
– Au bout de 2-3 jours, le foie commence à produire les corps cétoniques.

Après 3 jours de jeûne, 1/3 de l’énergie utilisée par le cerveau vient des corps cétoniques. Après 40 jours de jeûne, les corps cétoniques assurent 70% de l’énergie au cerveau (soit une production de l’ordre de 150 à 280 g de corps cétoniques par jour contre 35 g/ j après une nuit de jeûne)

Intérêt et inconvénients de la production des corps cétoniques

1- Mise en place d’un régime cétogène

Pour mettre en pratique ce régime cétogène, voici les principaux changements à intégrer dans son alimentation :
– Apports énergétiques totaux de la journée normaux : il ne s’agit donc pas d’un régime hypocalorique,
– Les apports en protéines sont semblables à un régime normal, soit entre 11 et 15 % des apports énergétiques totaux,
– Les lipides sont augmentés à 80% des apports énergétiques totaux !
– La quantité de glucides doit être limitée à environ 40-50 g de glucides par jour : il s’agit donc d’un régime hypoglucidique.

D’un point de vue pratique, cela sous-entend d’apporter exclusivement les glucides sous forme de légumes, et d’exclure les glucides sous forme de fruits et de produits céréaliers notamment. Et pour les lipides, cela sous-entend de se faire plaisir sur le gras, tout en veillant à des apports en lipides de bonne qualité (poisson gras, huiles, etc…).

La mise en place d’un tel régime demande au minimum 3 jours d’adaptation.

Comprendre l’alimentation cétogène ou low carb, c’est l’adopter !

2- Inconvénients

Suite à un jeûne glucidique important, plusieurs effets néfastes sont présents durant les 48/72 h :
– Fatigue,
– Faim importante voire très gênante,
– Perte de vitalité jusqu’à la possibilité de malaise,
– Risque de nausées et de vomissements,
– Risque d’hypoglycémie.

Par la suite, le foie prendra le relais avec la formation intensive de corps cétoniques, d’où un regain d’énergie après les premiers jours d’absence de glucide.

Un état d’acidose verra le jour (diminution du pH du sang), induisant à terme :
– Une déminéralisation conséquente (notamment en calcium, potassium et magnésium)
– Un risque de coma

Pour pallier cette acidose, il est conseillé de boire au moins 2 L d’eau par jour, avec une eau riche en calcium, potassium, magnésium notamment.
– Risque d’insuffisance rénale,
– Œdème cérébral,

Certaines personnes ne peuvent pas suivre ce régime : les patients atteints de diabète de type 1, les patients sujets à des anomalies métaboliques ou les personnes souffrant d’insuffisance hépatocellulaires ou de déficits respiratoires.

3- Les avantages

Les avantages d’un tel régime alimentaire sont :
– Meilleure sensibilité à l’insuline
– Diminution de plus de 50% des variations de glycémie chez des patients diabétiques de type 2
– Réduction du stress oxydant
– Diminution de l’inflammation chronique
– Augmentation des défenses anti-oxydantes
– Réduction de la pression artérielle
– Perte de masse grasse
– Meilleure prévention cardio-vasculaire
– Moindre circulation plasmatique des acides gras saturés
– Propriétés anti-convulsantes (utile chez les personnes épileptiques)

En outre ce régime a un effet minceur incontestable. Mais attention, si suivre ce régime fait perdre du poids, un retour à une alimentation délurée voire même normale induit un risque de reprise de poids !
Ce régime réduirait également les risques de la maladie d’Alzheimer, de diabète, de crise cardiaque et d’accidents vasculaires cérébraux (AVC).

4- Bon ou pas alors ?

Malgré les avantages liés à ce régime, le régime cétogène présente 3 freins :
– La mise en place d’un tel régime demande un gros changement d’habitudes alimentaires, qui est parfois difficile à mettre en place
– Le risque majeur est de présenter une acidose si ce régime est mal conduit. Il doit donc s’inscrire dans une rigueur absolue, voire même encadrée par un médecin ou diététicien. Et particulièrement si vous êtes diabétique, ce régime est à surveiller !
– Pour un sportif, le retour à des performances physiques optimales peut être très long : parfois une année pour s’adapter à ce régime.

Vous désirez changer vos habitudes alimentaires ? Commencez par écouter vos sensations

Sources

Institut de Biochimie et Génétique Cellulaires, UMR 5095,
Santé et nutrition,
Lanutrition.fr,
Maigrir magazine,
– Cours CNED, Biochimie et physiologie, programme e 1ère année, Marlène Frénot.