Au moins 5 (bonnes ?) raisons de mentir à son médecin !

Jusqu’à 80 % des patients dissimulent, de manière intentionnelle, des informations importantes à leur médecin. C’est le résultat d’une enquête qui vient d’être publiée par la revue américiane JAMA Network Open. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est urgent de rétablir la confiance des patients en leurs médecins ! Et si le bon médecin était celui qui nous donne envie de parler vrai ? Enquête.

Pourquoi tous les patients mentent à leur médecins ?

Par peur du diagnostic

C’est la politique de l’autruche. Une mammographie ? Une coloscopie ? Un test VIH ? Surtout pas ! Ces examens pourraient être porteurs de mauvaises nouvelles. Cependant, cette peur du résultat peut mettre en danger la santé, voire la vie du patient. La plupart des pathologies, en effet, doivent être traitées le plus tôt possible. Par exemple, en cas de risque de transmission du VIH, le traitement antirétroviral est à prendre dans les quarante-huit heures.

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Par honte

Difficile, pour certaines, d’avouer à leur gynéco une relation extra-conjugale, de surcroît, non protégée ; difficile, pour d’autres, d’évoquer des troubles d’érection avec son médecin de famille… Le patient redoute un discours moralisateur du médecin ou craint de passer pour un patient à problèmes, source de perte de temps…
Écrivain et médecin, Martin Winckler, auteur de La Maladie de Sachs d’affirmer : « un cabinet médical n’est pas un tribunal. La pudeur et la hantise d’être sermonné doivent rester dans la salle d’attente. Aux femmes de surmonter cette appréhension et d’avouer que, en dépit d’une grossesse, elles ont tendance à boire un peu pour se détendre. »

« faites-vous (plutôt) confiance au diagnostic de votre médecin ? »

Par intérêt

Pour se faire prescrire un diurétique (ou un anti-dépresseur), certaines patientes sont prêtes à tout. Surtout à l’approche des beaux jours ! En effet, certains de ces médicaments auraient un effet coupe-faim et aideraient à perdre les quelques kilos « en trop » avant l’épreuve du maillot. Certains médecins ne sont pas dupes ! Mais ils savent aussi qu’internet est un pharmacien anonyme bien pratique…
Certains simulent ou exagèrent : « J’accentue ma douleur pour qu’il comprenne que j’ai vraiment mal. »  explique un patient. « Comme ça, je suis sûr qu’il fera vraiment quelque chose. »


Par affection

Pour ne pas froisser son médecin de famille, certains patients omettent de leur dire qu’ils consultent, en parallèle, un ostéopathe ou un acupuncteur… et continuent à se faire prescrire un anti-inflammatoire qu’ils ne prennent pas… Moindre mal ! Mais il en est autrement des interactions entre traitements allopathiques classiques et compléments alimentaires, plantes, huiles essentielles… « Ce n’est pas parce que c’est naturel que c’est inoffensif », rappelle Bérengère Arnal-Schnebelen, responsable du diplôme universitaire de phytothérapie à l’université de Paris-XIII, gynécologue obstétricienne.
Lorsqu’un patient souhaite un deuxième avis, il est fréquent que le médecin à l’origine du diagnostic n’en soit pas averti. Au détriment même de la santé du patient.

Par désaccord

De nombreux patients ont délibérément dissimulé des informations importantes à leurs cliniciens et étaient le plus susceptibles de le faire lorsqu’ils ont désapprouvé ou mal compris les instructions de leur clinicien. Une meilleure compréhension de la manière d’améliorer la confiance des patients dans la communication de ces informations pourrait améliorer la relation entre le patient et son médecin et les soins prodigués au patient.

« Les médecins ne m’ont pas pris au sérieux ! » : Témoignages sur l’errance diagnostique

Les professionnels de santé et la pédagogie

La politique actuelle de santé va t-elle contribuer à améliorer la situation ? Pas sûr. La raréfaction des médecins généralistes et la diminution du temps de consultation n’arrangeront sûrement pas la relation patients-médecins.

La télémédecine pourrait être une des solutions. Dégagé de certaines tâches ou examens, le médecin aura davantage de temps pour justifier le choix du traitement et expliquer l’importance des soins apportés.

La téléconsultation : consulter son médecin à distance, c’est possible !

Sources

Prévalence et facteurs associés à la non-divulgation par les patients de renseignements médicalement pertinents aux cliniciens.