Après les Américains, c’est au tour des Suédois de se pencher sur la question du risque de cancer chez les personnes atteintes de maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI). Au cœur du sujet cette fois : le cancer colorectal.
Facteurs de risque du cancer colorectal
Le cancer colorectal est le 3e cancer le plus fréquent en France. Si son évolution passe souvent inaperçue dans les premiers temps de développement de la tumeur, plusieurs facteurs de risque peuvent inciter à son diagnostic :
• L’âge (le risque augmente avec l’âge),
• Une prédisposition génétique,
• L’existence d’une MICI (maladie de Crohn ou rectocolite hémorragique),
• Des antécédents familiaux de cancer colorectal,
• Le mode de vie (consommation excessive de viande rouge ou de boissons alcoolisées, tabagisme, obésité).
Près de 4 cancers sur 10 pourraient être évités en limitant les facteurs de risque
MICI et cancer colorectal : un risque plus élevé
Chez les patients atteints de maladie de Crohn ou de rectocolite hémorragique, un risque accru de cancer colorectal est reconnu. Ce risque est variable selon les personnes et dépend de l’âge du début de la MICI, de la localisation et de l’étendue des lésions, du type de lésions observées, …
Il agit dans l’ombre, personne ne veut en entendre parler… le cancer colorectal !
Pourquoi ce risque accru ? Parce que classiquement, un cancer colorectal se développe à partir de polypes. Les polypes sont des excroissances bénignes que l’on peut observer au niveau de la muqueuse colorectale. Rien de grave à ça si ce n’est que certains types de polypes peuvent dégénérer et se transformer en lésions cancéreuses. Pour les personnes atteintes de MICI, la présence de lésions liées à la maladie favorise le développement de lésions cancéreuses.
Ainsi, on estime que le risque de cancer colorectal augmente dans la population souffrant de MICI après 6 à 10 ans d’évolution de la maladie.
De l’importance d’une bonne coloscopie
La coloscopie est l’examen de référence dans le dépistage du cancer du côlon. Elle permet notamment d’identifier les polypes et de les enlever (ils sont ensuite analysés pour vérifier leur caractère bénin).
Néanmoins le suivi par coloscopie n’exclut pas la possibilité de développer un cancer entre deux examens. Ceci peut être lié à un développement rapide de la tumeur ou à des lésions cancéreuses non identifiées lors de l’examen par exemple.
Afin de quantifier ces situations, une équipe de recherche de l’université de Stockholm s’est penchée sur les cas de cancers colorectaux post-coloscopie, autrement dit les cancers détectés dans les 3 ans suivants une coloscopie au cours de laquelle aucun cancer n’était détecté. Pour cela, ils ont étudié l’ensemble des cas de coloscopies réalisées en Suède entre 2001 et 2010, soit 348 232 examens effectués chez 270 918 patients. Ces patients ont été répartis en trois groupes : ceux souffrant de maladie de Crohn (5.4% de cette population), ceux souffrant de rectocolite hémorragique (9,8% de cette population) et ceux ne souffrant pas de MICI. Il ressort de leur analyse que le risque de développer un cancer colorectal post-coloscopie est près de 4 fois plus important en cas de maladie de Crohn et près de 6 fois plus important en cas de rectocolite hémorragique en comparaison avec les situations sans MICI.
Pour les chercheurs, ces résultats démontrent l’importance d’adapter les stratégies de dépistage chez les patients souffrant de MICI.
Le cancer en France : quelles préconisations pour une baisse de la mortalité ?
Sources :
Stjärngrim J. et al., « Rates and characteristics of postcolonoscopy colorectal cancer in the Swedish IBD population: what are the differences from a non-IBD population ? » Gut, décembre 2018,
– Univadis,
Fiche Mémo de l’HAS, « Cancer colorectal : modalités de dépistage et de prévention chez les sujets à risque élevé et très élevé ». Mai 2017,
Site de l’Inca. « Le cancer du côlon : points clés »,
Site du CREGG. « Questions autour du cancer« .