Des conseils nutritionnels sur les réseaux sociaux, fausse bonne idée

Suivre les conseils nutritionnels sur les réseaux sociaux, une (fausse) bonne idée ?

Environ 48 millions de résultats répondent aux mots clés « perdre du poids » sur Google et certainement l’équivalent de hashtags sur Instagram. Toutes ces publications ou ces conseils nutritionnels sur les réseaux sociaux sont-ils à prendre au pied de la lettre ? Tous ces régimes sont-ils équilibrés ? Mais au-delà de conseils alimentaires plus ou moins sérieux que nous trouvons sur Internet se profile aussi le spectre des messages dangereux pour la santé. La vérification de l’information est donc nécessaire sur Internet. Quelles sont les solutions ?

Les conseils nutritionnels sur les réseaux sociaux : un manque cruel de références

Durant le Congrès européen sur l’obésité, une équipe écossaise a présenté les résultats d’une étude sur les conseils alimentaires de blogs suivis par un très large public, blog avec pas moins de 80 000 abonnés. Neuf blogs d’influenceurs ont été étudiés à partir de leurs publications parues entre mai et juin 2018 et ont été notés selon 12 critères de crédibilité notamment la fiabilité et la transparence de leurs affirmations en matière de santé et sur le plan nutritionnel. Quelles sont leurs références ? Les informations sont-elles impartiales ? Les chercheurs ont aussi étudié les 10 derniers repas ou les recettes de chaque blog pour en déterminer leur équilibre alimentaire. Le résultat est éloquent :  plus de la moitié de ces influenceurs présentent leur opinion comme un fait ou ne fournissent pas de références factuelles pour les allégations nutritionnelles. Comme le souligne Adam Forrest pour The Independent, les repas ou recettes ne répondent à aucun des critères d’équilibre nutritionnel.

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De l’intox à la détox

A la suite de cette présentation, Tam Fry, président du National Obesity Forum, a déclaré : « Cette étude confirme le pouvoir destructeur des médias sociaux. N’importe quel Tom, Dick ou Harry peut publier ce qu’il veut et être cru par ses disciples. Ce qui est particulièrement regrettable, c’est qu’il est impossible d’amener ces blogueurs à se conformer aux normes (…). Les blogueurs défendront leur droit à la liberté d’expression, mais publier des conseils qui ne valent rien est indéfendable. »

En matière de nutrition, les informations trompeuses, fausses voire dangereuses sont nombreuses. Commençons par évoquer un exemple très actuel de régime alimentaire que nous connaissons tous : le régime détox. Sur quel fait scientifique se fonde-t-il ? Si nous reprenons les termes, le régime détox nous aide à « éliminer les toxines ». Qu’est-ce qu’une toxine ? Dans le Larousse, on trouve qu’il s’agit « une substance toxique synthétisée par un organisme vivant (bactérie, champignon vénéneux, insecte ou serpent venimeux), auquel elle confère son pouvoir pathogène (…) Parmi les toxines les plus importantes qui affectent l’Homme, on trouve celles du botulisme, de la dysenterie, du tétanos et de la diphtérie. »


Dans l’expression « régime détox », c’est elle colle non seulement à la volonté de pureté, de retour aux sources, nature de notre société mais c’est aussi le détournement d’un terme médical. Les « toxines » seraient des déchets que le corps accumulerait en grande quantité et qui doivent être éliminés de notre organisme. Lequel ne peut le faire tout seul et doit être aidé par un régime détox. C’est pourquoi, les fêtes de fin d’année sont l’occasion d’un battage médiatique. Beaucoup vont trop manger, trop boire donc se sentir ballonnés et fatigués. Pour les aider, le régime détox va permettre à leur organisme d’éliminer tous ces excès. Mais ce sont surtout les produits qui sont vendus en pharmacie en cure détox et qui contiennent principalement des laxatifs ou des diurétiques qui vont faire le bonheur des industriels.

Pour démêler le vrai du faux :

N’avalez pas tout ce qu’on vous dit !

Les conseils sur les réseaux sociaux, une nécessaire éducation du public

La nutrition est un domaine où les fausses informations sont nombreuses. Les sites Internet ou les blogs les propagent, entraînant à leurs suites des centaines voire des millions d’adeptes. Mais les fausses informations en matière de santé peuvent être dangereuses. L’exemple de la rougeole est caractéristique. La désinformation propagée par les réseaux sociaux envers le vaccin contre la rougeole a fait réapparaître dans certains pays européens et même en France, une épidémie qu’on croyait disparue.

C’est ainsi que des géants d’Internet, d’abord Twitter et Pinterest suivis par Facebook et Mozilla et par voies de conséquence Firefox ont décidé de lutter contre la désinformation en empêchant la diffusion d’informations fausses et trompeuses voire en bloquant toute recherche sur des sujets sensibles (Pinterest bloque tous les contenus parlant de vaccins). Un plan a même été discuté et approuvé lors du sommet sur les vaccins à Bruxelles. Il prévoit une étroite collaboration entre ces géants et l’Organisation mondiale de la santé ainsi que d’autres organisations actives dans le secteur médical.

Si les géants de l’Internet attachent de l’importance aux messages qu’ils font circuler, il faut espérer que cette attention descendra jusqu’à nous tous. Les sites Internet, les blogs, qui s’adressent directement au grand public peuvent aussi participer à l’éducation de la population et éviter ainsi la mise en danger d’autrui en diffusant des messages dont l’exactitude a été vérifiée. C’est en partie le rôle de la presse. Cette éducation empêcherait aussi la propagation de messages erronés voire dangereux. L’internaute deviendrait ainsi plus responsable en visitant des sites alimentés par des professionnels sérieux et responsables.

Galette de riz, lait de soja, céréales minceur… Des aliments pas aussi sains qu’on ne le pense ?

Sources

– European Association for the Study of Obesity, « Study scrutinizes credibility of weight management blogs by most Popular influencers on social media »,
The Independent,
RFI,

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