La dépression est une maladie psychiatrique très fréquente et touche tous les âges. En France, on estime que près d’une personne sur 5 a déjà souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie ! La prévalence de la dépression en France ne cesse d’augmenter depuis déjà plusieurs années. En parallèle, le nombre de personne obèses a quasiment été multiplié par trois dans le monde depuis 1975. Et la France n’est pas épargnée par ce phénomène ! De plus, il n’est pas rare de voire des personnes en dépression souffrir de problème de poids. Qui de l’œuf ou de la poule est le premier à être apparu ? Voyons ensemble ce lien de causalité : obésité-dépression ou dépression-obésité ?
Définition de l’obésité
L’obésité est définie par l’OMS comme « une accumulation anormale ou excessive de graisse qui présente un risque pour la santé ». L’obésité induit des facteurs de risques cardiovasculaires, de diabète de type 2, de cancer…
Pour les adultes, c’est la notion d’IMC qui est la plus communément utilisée pour estimer le surpoids ou l’obésité, quel que soit le sexe. L’IMC est une notion controversée et insuffisamment précise ! En effet, si on ne se tient qu’à l’IMC alors de nombreux sportifs de haut niveau, seraient considérés comme obèses ! C’est pour cela, qu’il est aussi intéressant de prendre en compte la répartition entre masse grasse et masse maigre mais aussi la localisation de la masse grasse.
Un lien de causalité entre obésité et dépression ?
Des anciennes études ont montré qu’il existe un lien entre obésité et dépression. Ainsi des anciennes études avaient déjà trouvé un facteur de risque de 55% de développer une dépression si on était obèse et que, chez les personnes dépressives, le risque de devenir obèse était de 58%
Les études précédentes n’avaient pas permis de déterminer si un facteur de risque était la cause d’un résultat, en d’autres termes qui de l’œuf ou de la poule est apparu en premier… C’est désormais mystère résolu (pour l’obésité et la dépression, pas pour l’œuf et la poule !).
En 2018, une précédente étude a réussi à déterminer qu’il y avait bien une relation de cause à effet allant de l’obésité à la dépression. Donc la dépression serait la conséquence de l’obésité et non pas l’inverse. Cette étude avait alors utilisé comme marqueur de l’obésité, l’IMC qui est calculé en divisant le poids par la taille au carré. Comme dit précédemment, il est important, quand on parle de poids, de différencier masse grasse, masse maigre, masse osseuse… En effet, c’est l’excès de masse grasse qui est à l’origine des complications de l’obésité ! Et la localisation n’est pas en reste car en fonction du type d’obésité (gynoïde ou androïde), les risques ne sont pas les mêmes !
Mais une nouvelle étude va encore plus loin
Une nouvelle étude, réalisée par des chercheurs danois, avait pour but d’améliorer la compréhension du lien obésité-dépression en évaluant la relation entre les composantes de l’IMC (poids total, masse grasse, masse maigre, taille…) et la dépression. En tout, ce sont 21 mesures qui ont été utilisées dans cette étude : IMC, poids total, taille, pourcentage de la masse grasse dans tout le corps, poids de la masse grasse dans tout le corps, poids de la masse musculaire dans tout le corps, pourcentages de masse maigre et masse grasse dans différentes parties du corps (bras droit, bras gauche, jambes droite, jambe gauche…).
Pour quels résultats ?
Les résultats confirment que l’IMC est un facteur de risque causal de dépression. Le pourcentage de masse grasse dans tout le corps et le poids de masse grasse dans tout le corps sont aussi des facteurs de risque causal de dépression. Le lien de causalité obésité-dépression est dicté par la graisse.
En revanche, le taux de masse maigre dans tout le corps ne semble pas être un facteur de risque causal de dépression.
En ce qui concerne la localisation de la masse grasse, les résultats n’ont pas été significatifs : ils suggèrent vaguement que le risque est accru quand la localisation est au niveau des jambes, plutôt qu’au niveau du tronc ou des bras. Mais la différence n’est pas assez marquée pour affirmer que le risque de développer une dépression est lié à la localisation de la masse grasse.
La relation de cause à effet entre la masse grasse et la dépression a des composantes psychologiques et biologiques. Psychologiquement, la discrimination perçue, la stigmatisation, le mécontentement vis-à-vis de son image corporelle peuvent être à l’origine de ce lien de causalité.
En conclusion, la dernière étude prouve que la relation de cause à effet entre l’IMC et la dépression est déterminée par la masse grasse (et la taille), et non par la masse non grasse. Ces résultats représentent d’importantes nouvelles connaissances sur le rôle des mesures anthropométriques dans l’étiologie de la dépression. Ils suggèrent également que la réduction de la masse grasse diminuera le risque de dépression, ce qui renforcera les mesures de santé publique visant à réduire l’épidémie d’obésité.
Sources
– OMS, Surpoids et obésité : définitions
– Translational Psychiatry, « Investigating the association between body fat and depression via Mendelian randomization« ,
– International Journal of Epidemiology, « Using genetics to understand the causal influence of higher BMI on depression« ,
– Pourquoi docteur, Obésité : l’impact psychologique du surpoids peut provoquer une dépression
– Pourquoi docteur, Obésité : le lien avec la dépression est établi