Le Nutri-Score, c’est cet indice qui apparaît progressivement sur vos emballages alimentaires. Il reflète la qualité nutritionnelle d’un aliment et a pour objectif d’aider les consommateurs dans leurs choix alimentaires. Mais au-delà de cette aide pratique, le nutri-score se révèle être bien plus ! Il pourrait effectivement contribuer à réduire les décès liés à des maladies chroniques ! Mais le nutri-score est-il l’indice parfait ? Décryptage.
L’évaluation du nutri-score
C’est une étude française qui l’a démontré. Les chercheurs ont en effet comparé 5 types d’étiquetages nutritionnels :
– Le nutri-score : indice représenté par 5 lettres (A-B-C-D-E), associées à un code couleur. Les lettres représentent la qualité nutritionnelle de l’aliment, A démontrant une excellente qualité nutritionnelle et E une très mauvaise qualité.
– Le système d’étiquetage nutritionnel simplifié (SENS), qui propose un logo associé à une fréquence de consommation de l’aliment (très souvent, souvent, modérément, occasionnellement).
– Le « Multiple Traffic lights » : utilisé par les anglais, 4 pastilles colorées sont proposées, pour les sucres, les lipides, les acides gras saturés et le sel. Les couleurs sont attribuées en fonction de la teneur en nutriments précédemment cités en fonction de leur teneur pour 100 g de l’aliment. Chaque pastille peut être rouge, jaune ou verte selon que le niveau du critère est élevé, intermédiaire ou faible
– Le « health star rating » : utilisé en Australie ou Nouvelle-Zélande, les aliments se voit attribuer un score de 1 à 5 étoiles selon leur qualité nutritionnelle. L’attribution des étoiles est fonction des bons nutriments (fibre, protéine, calcium ou certains minéraux ou certaines vitamines) et des mauvais nutriments (sucres, acides gras saturés, sel…)
– Les « Reference Intake » montrent les apports de chacun des nutriments principaux présents dans un produit par rapport aux recommandations journalières.
En comparant l’efficacité de tous ces indices, le nutri-score a tiré son épingle du jeu et se positionne en première place !
Le nutri-score participe à la réduction des décès par maladies chroniques
De plus, des chercheurs ont voulu voir l’impact du choix des aliments portant les logos nutritionnels cités ci-dessus sur la mortalité par maladies chroniques. Ils ont utilisé un modèle mathématique pour estimer cet impact. Et il y a bien une corrélation : en choisissant des produits portants un logo nutritionnel, il y a une baisse de la mortalité par maladies chroniques. Cette baisse est plus importante avec le nutri-score, avec une diminution de 3.4% des décès (contre 2.8 % pour le health star rating, 1.9 % pour le Reference Intake, 1.6 % pour le Multiple Traffic Lights et 1.1 % pour le SENS).
Des résultats plus qu’encourageants avec un bémol : il s’agit tout de même de modélisation, qui ne prend en compte que les aliments avec un logo ! Cela sous-entend donc que l’efficacité serait prouvée qu’à la condition que tous les aliments choisis comportent une indication sur l’emballage.
L’industrie agro-alimentaire s’initie au nutri-score
A ce jour, 52 acteurs présents dans le monde de l’industrie agroalimentaire se sont engagés pour adopter le nutri-score sur leur emballage. Que ce soient des marques comme Fleury-Michon, Danone, Bonduelle, ou bien même des marques distributeurs comme Auchan, Intermarché, Casino ou Leclerc, tous ces industriels adoptent ce logo ! Une volonté de modifier les habitudes alimentaires des consommateurs, appuyée par le gouvernement puisque notre premier ministre Edouard Philippe a déclaré en juin 2019 vouloir rendre obligatoire le nutri-score sur tous les produits alimentaires. L’objectif d’une telle démarche est de garantir des produits de meilleurs qualité auprès du consommateur et de faire reculer les pathologies comme diabète, obésité, surpoids ,etc.
Nutri-score : un logo qui ne fait cependant pas l’unanimité
Comme toute nouveauté, ce logo ne fait pourtant pas l’unanimité malgré les études montrant son intérêt. Pour certains chercheurs, le nutri-score n’arrivera pas à faire diminuer les pathologies chroniques. Pourquoi un tel scepticisme ? Car comme l’explique Anthony Fardet, chercheur en nutrition préventive, le nutri-score se réduit à la somme de nutriments, sans prendre l’aliment dans sa globalité. Le nutri-score ne prend pas en compte par exemple des additifs, ou bien même les procédés industriels qui pourraient influer sur la qualité globale du produit comme c’est le cas des céréales du petit-déjeuner par exemple.
Faut-il apposer un Toxi-score sur les produits cancérigènes ?
Il ne prend pas non plus en compte l’impact de l’aliment global sur la mastication, sur la libération des nutriments dans le sang, sur le temps de digestion ou sur l’impact sur les hormones de la satiété, etc. Par exemple, pour les céréales du petit-déjeuner, Kellog’s s’est engagé à diminuer la quantité de sucres de 13% dans le produit, mais cela n’en reste pas moins un aliment ultra-transformé. Du fait de leur traitement industriel, ces céréales auront toujours un index glycémique élevé. Mais en diminuant la quantité de sucres, son nutri-score se verra certes amélioré, et pour autant, cela restera un aliment de mauvaise qualité.
Un simple marqueur diététique ?
En réalité, le nutri-score est un marqueur diététique : il comptabilise et donne une note à partir de données quantitatives. Mais il ne prend pas en compte la notion nutritionnelle, c’est-à-dire la qualité nutritionnelle basée sur un aspect purement qualitatif.
A titre d’exemple, l’huile d’olive est notée C, voire D, alors qu’un coca 0 est noté B. Car l’huile est très riche en graisse, bien sûr ! Mais on sait d’un point de vue nutritionnel qu’il faut consommer un peu d’huile d’olive ! C’est un équilibre avant tout ! Pour ces chercheurs, c’est plus la transformation industrielle qui a un effet sur la qualité nutritionnelle d’un aliment, et mieux vaut s’orienter vers une classification NOVA, qui classe les aliments en fonction du degré de transformation industrielle.
Enfin, un autre argument avancé par les sceptiques face au nutri-score : ce logo ne pourra à lui-seul faire diminuer la prévalence des pathologies comme l’obésité, car il s’agit d’une pathologie multifactorielle. Certes, la composante alimentaire est très importante, mais il y a également la sédentarité, la composante psychologique, etc.
Assis plus de 7h par jour… et si la sédentarité était le mal du siècle ?
Sources
– Santé publique France,
– Elsevier,
– Agro-media,
– Culture nutrition,
– Nutrikeo,
– Thierry Souccar