Diabète de type 2 : pourquoi 1 patient sur 3 ne respecte-t-il pas son traitement ?

Diabète de type 2 : pourquoi 1 patient sur 3 ne respecte-t-il pas son traitement ?

Une méta-analyse de très grande ampleur menée sur les diabétiques de type 2 révèle qu’un patient sur trois ne respecte pas le traitement qui lui a été prescrit. L’observance dans le traitement du diabète est très faible, inquiétant de fait tous les professionnels de santé. Décryptage.

Diabète de type 2 : quels traitements de référence ?

Aucun traitement ne permet à ce jour de mettre un terme au diabète de type 2. Il s’agit d’une maladie chronique nécessitant un traitement continu. Les premières mesures recommandées aux patients : une alimentation adaptée et la pratique d’une activité physique. Cependant, ces modes de traitement ne suffisent pas toujours et le recours aux médicaments est parfois nécessaire.

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Les biguanides comme la metformine constituent le traitement le plus usité chez les diabétiques de type 2. Les biguanides diminuent l’insulino-résistance, limitent la production de glucose par le foie et retardent l’absorption intestinale du glucose. Les sulfamides hypoglycémiants sont également prescrits à de nombreux diabétiques. Ils stimulent la sécrétion d’insuline, améliorent la glycémie avant et après un repas mais peuvent être responsables d’hypoglycémie. Les incrétines comme le GLP1 sont aujourd’hui utilisés en pharmacologie pour diminuer la dégradation du GLP1 par le corps grâce aux gliptines (DPP-4). Les GLP1 sont des substances que libère ce denier au début d’un repas pour stimuler la sécrétion d’insuline. Ces médicaments stimulent la sécrétion d’insuline seulement lorsque la glycémie est élevée, réduisent la sécrétion de glucagon (hormone qui contrôle la fabrication du glucose par le foie, Ndlr) et diminuent l’appétit. Ce sont ces trois classes thérapeutiques des médicaments qui ont été analysées par les chercheurs de l’Université de Surrey.

Tout savoir sur le diabète de type 2

Diabète de type 2 : pourquoi 1 patient sur 3 ne respecte-t-il pas son traitement ?

L’équipe de chercheurs de l’Université de Surrey a suivi l’observance (façon dont un patient suit, ou pas, les prescriptions médicales et coopère à son traitement, Ndlr) de près de 1,6 millions de personnes souffrant de diabète de type 2.  Pour ce faire, elle a croisé les données de 48 essais cliniques et études observationnelles consacrées à l’observance thérapeutique des diabétiques de type 2. Les résultats ont été publiés dans la revue Diabetes, Obesity and Metabolim.


Il apparaît que la metformine est le traitement le plus couramment prescrit mais aussi le moins respecté. En effet, 30 % des doses de metformine ne sont pas prises. Les sulfamides hypoglycémiants ne font guère plus d’émules : 23% des doses prescrites ne sont pas prises par le patient. A contrario, les DPP-4 sont un peu moins boudés par les patients, puisque moins de 20 % des doses prescrites ne sont pas respectées. Le Pr Gérard Reach, endocrinologue à l’hôpital Avicenne, souligne pour Le Quotidien du Médecin que ce non respect du traitement pourrait être encore plus conséquent : « Un patient diabétique sur 3 est non-observant, c’est-à-dire qu’il achète moins de 80% des médicaments prescrits ; un chiffre qui, en plus, ne prend pas en compte les médicaments non pris une fois achetés. » Mais pourquoi autant de prescriptions non respectées ?

Les auteurs de l’étude soulignent que cette non-observance serait principalement liée aux effets secondaires. La metformine par exemple est responsable de nombreux troubles gastro-intestinaux comme les flatulences ou la diarrhée.

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Les auteurs rapportent en outre qu’un traitement nécessitant plusieurs doses chaque jour peut être mis en cause dans cette non-observance. Le Pr Reach rapport en outre que les médicaments servent « à éviter des complications encore non visibles. Il n’y a donc pas de bénéfice direct, pour nombre de patients, à se soigner. »

L’observance au cœur de la relation thérapeutique

D’après le Pr Reach, le temps consacré à une consultation est trop restreint, les consultations sont courtes, le patient peut de fait ne pas comprendre le réel intérêt de son traitement. Sans bénéfice direct en effet, difficile au patient de se convaincre de l’efficacité du traitement. La consultation devrait permettre de donner les explications nécessaires sur la pathologie et les traitements, de favoriser le patients à exprimer ses doutes et y répondre, bref instaurer une relation de confiance. Mais difficile d’instaurer une telle relation par manque de temps, d’où la nécessité selon le Pr Reach d’une rémunération au forfait.

L’accent devrait également être mis sur l’éducation thérapeutique, l’orientation à suivre pour une prise en charge optimale : « le médecin doit également expliquer à son patient ce que sa pathologie implique en termes de traitement, et aborder, en particulier, les notions de maladie chronique, d’intensification éventuelle du traitement dans un objectif de normalisation de la glycémie pour éviter les complications tardives de la maladie. »

Enfin, il n’est pas rare qu’un traitement soit difficile à suivre pour les patients. Ces derniers le respectent donc de moins en moins, le délaissant parfois complètement. Un fait que les médecins doivent avoir pris le temps d’expliquer à leurs patients, afin qu’ils puissent – et osent – contacter leur médecin et trouver un autre traitement.

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Sources

Fédération Française des Diabétiques,
Diabetes, Obesity and Metabolism : A Joutrnal of Pharmacology and Therapeutics, avril 2018, 20(4), p. 1040-1043,
Le Quotidien du Médecin.