Qui ne s’est pas déjà désolé des repas de la cantine des plus jeunes ? Il faut le reconnaître : leur déjeuner ne fait vraiment pas envie. La loi Agriculture et Alimentation compte y remédier, avec un objectif de 50% de produits locaux dont une part conséquente de bio. Certaines collectivités ont un long chemin à parcourir… Du local, du sain et du bio à la cantine, mission impossible ?
Du local et du bio dans l’assiette : le défi de la restauration collective
La loi Agriculture et Alimentation
, adoptée le 2 octobre 2018, est claire : d’ici 2022, 50 % des produits de la restauration collective devront être des « produits locaux ou sous signes d’origine et de qualité (dont les produits bio) ». Mais comment atteindre cet objectif quand rien n’a été mis en place jusqu’à présent ?
Si méfiance est encore de mise à l’égard de la cantine scolaire, force est de constater sa légitimité. Les denrées arrivent directement en barquettes dans certaines cantines, sont issues de filières très longues et le nombre d’acteurs ou d’intermédiaires pour une seule denrée est bien supérieur au nombre d’élèves d’une classe. Ce dont nous sommes a priori certains : ces produits respectent les normes d’hygiène et ont été achetés d’après les règles du code des marchés publics. Néanmoins, qu’un produit ait parcouru la moitié du globe ou qu’il ait connu nombre de traitements phytosanitaires importe peu.
Si le gouvernement entend améliorer le contenu des assiettes des plus petits, cette loi ne fixe pas d’obligation de résultat. Aussi est-il fort plausible que de nombreuses cantines soient loin des 50% de local dans 4 ans. Elles auraient pourtant tout à y gagner.
Pensez-vous que le déjeuner de vos enfants est appétissant ? Enquête sur la cantine scolaire
Une cantine bio et un budget maîtrisé
Les collectivités déjà engagées en faveur d’une alimentation saine font simplement preuve de bon sens pour parvenir à cet objectif. Et cela commence par le choix d’une agriculture locale et une diminution des intermédiaires. Ecocert France, l’organisme de certification de l’agriculture bio, illustre l’essor du bio dans les assiettes des collectivités. Il a en effet lancé en 2013 le label « En cuisine » qui recense les restaurants collectifs engagés vers le bio et le local. À ce jour, plus de 1 200 restaurants collectifs ont obtenu ce label.
A contrario, nombreuses sont les collectivités qui clament haut et fort que le bien manger a un prix et utilisent ce frein qu’est le budget afin de consolider leurs modes actuels d’approvisionnement. Il paraît évident pour certains que le bio et le local ont un prix bien trop élevé pour la collectivité. Pourtant, l’enquête 2017 de l’Observatoire national de la restauration collective bio et durable souligne que les collectivités en conversion vers le bio et le local parviennent à maîtriser leurs coûts. L’Agores, le réseau des directeurs de restauration publique territoriale, confirme qu’un repas composé de 20% de bio au menu coûte 1,80 €. Un prix sensiblement identique à celui d’un repas dit conventionnel, qui va de 1,50 € à 2,00 €.
Du bio au local
Après l’argument prix vient celui de la supposée non disponibilité du bio local. Une nouvelle fois, ladite enquête révèle que 58% des produits bio utilisés dans les cantines proviennent d’un périmètre inférieur à celui d’une ancienne région administrative. En effet, face à la pérennité de l’agriculure biologique et à la demande sans cesse croissante, nombreux sont les agriculteurs et les coopératives à basculer dans le bio. De quoi rassurer tous les parents inquiets face à l’assiette de leurs bambins et à répondre à la demande des consommateurs : en 2017, 86% des parents sondés souhaitaient davantage de bio dans les restaurants collectifs.
Du bio et du local dans l’assiette, c’est donc bel et bien possible !
Vous souhaitez agir ? Suivez le guide :
Sources
– Projet de loi Agriculture et Alimentation, site du gouvernement,
– Agores,
– Association Unplusbio,
– Association Agir pour l’Environnement,
– Alimentation Générale.