Tout savoir sur le diabète gestationnel

Tout savoir sur le diabète gestationnel

Près de 6% des femmes enceintes présentent un diabète gestationnel. Cette pathologie est définie par l’OMS comme « un trouble de la tolérance glucidique conduisant à des hyperglycémies de sévérité variable débutant ou diagnostiqué pour la première fois pendant la grossesse ». Explications.

Le diabète gestationnel, deux pathologies en une

En fait cette définition englobe deux pathologies distinctes :

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Le diabète de type 2, qui est patent, antérieur à la grossesse et décelé au cours de celle-ci. Ce diabète persistera au cours de la grossesse,
– Une intolérance glucidique qui apparaît au cours de la grossesse et qui disparaîtra après l’accouchement.

Pour bien comprendre le diabète de type 2 :


Tout savoir sur le diabète de type 2

Pourquoi le diabète est-il favorisé durant la grossesse ?

C’est qu’en réalité, la grossesse entraîne un état physiologique où l’insuline, l’hormone qui régule la glycémie, est moins performante du fait d’une insulino-résistance des cellules. En d’autres terme, la grossesse est par nature diabétogène.

Quelles en sont les causes ?

La surcharge pondérale, l’âge, l’origine ethnique, les antécédents familiaux sont des facteurs de risque de diabète gestationnel. De même, les antécédents obstétricaux ou le syndrome des ovaires polykystiques favorisent l’apparition du diabète gestationnel.

Quelles sont les complications ?

Le diabète gestationnel n’est pas transmis à l’enfant. Mais il existe de réelles complications pour la mère et l’enfant.
À l’annonce du diagnostic du diabète gestationnel, la mère risque de développer des troubles psychologiques (type anxiété, stress, angoisse). De plus, elle risque de développer une hypertension artérielle (« préeclampsie »), associant oedèmes, complications rénales ou risque d’accouchement prématuré.

Pour reconnaître les symptômes de l’hypertension artérielle : 

L’hypertension artérielle, la maladie silencieuse des pays développés

Le bébé risque d’avoir une croissance et un poids excessifs pouvant compliquer l’accouchement (risque de césarienne ou de déchirure du périnée). Cette « macrosomie » se définit généralement par un poids supérieur à 4 kg.

Qui se fait dépister ?

Le dépistage du diabète gestationnel est important car la prise en charge thérapeutique et alimentaire de cette pathologie limite les complications.
Depuis 2010, le dépistage ne concerne que les femmes à risque. Les professionnels de santé ne recommandent le dépistage du diabète gestationnel qu’en présence d’au moins un des critères suivants :
– âge > à 35 ans
– IMC > 25 kg/m2 (signe de surpoids)
– Antécédents familiaux de diabète
– Surpoids (> 4kg) à la naissance d’un enfant précédent

Il n’y a donc pas d’arguments suffisants pour recommander un dépistage systématique pour toutes les femmes enceintes.

Si une femme enceinte ne présente pas un de ces critères, le dépistage ne sera pas effectué (sauf si elle présente une quantité de liquide amniotique trop importante ou si le fœtus présente des biométries supérieures à 97 e percentile).

Comment dépister le diabète gestationnel ?

Lorsqu’il y a des facteurs de risque avérés, l’idéal est de réaliser une glycémie à jeûn (idéalement avant la conception ou au cours du 1 er trimestre). Ceci permet de détecter un diabète de type 2 dès le début de la grossesse.
Puis, entre 24 et 28 SA (semaine d’aménorrhée), la méthode la plus utilisée est l’hyperglycémie provoquée par voie orale avec 75 g de glucose et mesure des glycémies à 0, 1 et 2 h. Une seule valeur de glycémie au-delà des seuils définis (0,92g/L à jeun; ou 1,80g/L 1h après la charge orale en glucose; ou 1,53g/L 2h après) suffit à diagnostiquer un diabète.

Diabète gestationnel et microbiote

Une étude publiée dans Gut Microbiota met en évidence que le diabète gestationnel serait en cause de l’altération du microbiote des femmes enceintes et de leur bébé. Cette étude souligne ainsi que ces signatures microbiennes pourraient permettre des prises en charges plus précoces afin de limiter les conséquences pour l’enfant. Pour rappel, le diabète gestationnel est associé à de nombreux risques pour le nouveau-né comme le diabète de type 2, la macrosomie (un nouveau-né de plus de 4 kilos) ou le syndrome de détresse respiratoire.
Ladite étude  concerne 346 femmes enceintes et 140 nouveau-nés sur lesquels 1 062 prélèvements ont été effectués (salive, sécrétions pharyngées, fèces, sécrétions vaginales…). Les analyses révèlent une surabondance de proteobactéries (bactéries pathogènes) et une sous-représensation de Firmicutes.
De plus, l’équipe en charge de l’étude a constaté que les variations microbiennes étaient sensiblement identiques entre la mère et le nouveau-né. Autrement dit, le risque de concordance intergénérationnelle semble avéré concernant le diabète gestationnel.

Pour bien comprendre le microbiote :

Tout savoir sur le microbiote

Prise en charge du diabète gestationnel

En plus des conseils relatifs à la femme enceinte, le diabète gestationnel nécessite une prise en charge diététique particulière. Et la patiente doit s’impliquer dans cette prise en charge afin d’obtenir des résultats. Pour cela, une auto-surveillance glycémique, des mesures hygiéno-diététiques ainsi qu’un suivi médical permettront un suivi de grossesse optimal.

La patiente doit maintenir sa glycémie à des taux « normaux » (< 0.92 g/L à jeûn). Les valeurs détermineront si des injections d’insuline sont nécessaires ou pas.

Les conseils diététiques sont simples, il est fortement déconseillé de suivre un régime sévère car il y a des risques pour le bébé.

10 conseils nutritionnels en cas de diabète gestationnel

1 – Mangez trois repas principaux équilibrés, avec éventuellement une collation. Le déjeuner ainsi que le dîner sont composés d’une portion de viande/poisson/oeuf, de légumes, de céréales + un produit laitier éventuellement et un fruit. La collation, si elle a lieu, doit contenir un sucre lent (du pain par exemple). Ces repas sont pris à heure régulière. Ne sautez pas de repas.

2 – Favorisez une association de légumes cuits avec des féculents, à chaque repas.

3 – Favorisez les aliments à index glycémique (IG) bas, et limitez fortement ceux à index glycémique élevé. L’index glycémique mesure la capacité d’un aliment glucidique donné à faire augmenter la glycémie (taux de glucose dans le sang) après son ingestion par rapport à un aliment glucidique de référence (glucose pur).

Pour vous aider à faire les courses :

100 aliments et leur indice glycémique (IG) pour que vous puissiez vous concocter des repas à IG bas !

4 – Évitez le sucre et produits sucrés (viennoiseries, pâtisseries, glaces…), les sodas, les concentrés de jus et les nectars (privilégiez l’eau ou les jus de fruits 100 % pur jus ou les fruits pressés)

5 – Consommez 2 fruits frais par jour, car ils apportent des fibres et des vitamines. Attention aux fruits sucrés (raisin, figue, pastèque, ananas, mangue). Évitez les compotes.

6 – Privilégiez les aliments riches en fibres : légumes secs, graines oléagineuses, produits complets.

7 – Consommez du pain ou des féculents à chaque repas. Contrôlez bien la quantité de glucides qu’apportent ces aliments

8 – Évitez les produits édulcorés (« light »).

9 – Pensez à boire (environ 1,5 l d’eau par jour). Limitez vos apports en alcools riches en sucres (apéritif, liqueur).

10 – Diminuez les matières grasses. Limitez les matières grasses d’origine animale (graisses saturées dans les viandes grasses, les charcuteries, crème fraîche, fromages gras…) et privilégiez celles d’origine végétale (huiles). Mangez notamment des aliments riches en acides gras polyinsaturés (oméga 3) : poisson gras, huile de colza ou de noix, légumes à feuilles vertes…

Les oméga 3, pourquoi ça ?

Oméga 3 et oméga 6 : c’est quoi au juste ? Sont-ils vraiment bons pour notre santé ?

L’activité physique est conseillée, si elle n’est pas contre-indiquée par le médecin. Et si la prise en charge diététique ne suffit pas et que la glycémie reste trop élevée, l’insuline est prescripte par injection.

Exemple d’une journée type :

Petit-déjeuner :
– Boisson sans sucre (un verre d’eau pour réhydrater le corps)
– Un produit laitier demi-écrémé/yaourt nature
– Un féculent : pain multicéréales ou des flocons d’avoine par exemple
– Matière grasse éventuellement : beurre (5g) ou purée d’amandes.

Déjeuner :
– Crudités/salades
– Viande maigre, œuf ou poisson
– Légumes cuits
– Féculents (3 à 4 sc)
– Fruit frais
– Yaourt nature.

Dîner :

– Crudités/salades
– Viande maigre, œuf ou poisson
– légumes cuits
– féculents (3 à 4 sc)
– Yaourt nature

En cas de collation :

– yaourt nature + fruit frais

Boisson :

– 1.5 L d’eau sur la journée

Assaisonnement de salade :

1 c à s. d’huile d’olive + 1 c à s. d’huile de noix ou de colza

Contenu relu et validé par une diététicienne WeCook.

Sources

E. Fredot, Nutrition du bien portant, Bases nutritionnelles de la diététique, Editions Tec et Doc, Lavoisier,2007.
L. Chevallier, Nutrition : principes et conseils, Elsevier Masson, 3ème Edition, 2009.
C. Carip et V. Liégeois, Physiopathologie : bases physiopathologiques de la diététique,  Editions Tec et Doc, Lavoisier, 2000.
– M. Apfelbaum et al., Dictionnaire Pratique de diététique et de nutrition, Masson, 1981.
E. Fredot, Régimes, Editions Tec et Doc, Lavoisier, 2011.
J.L. Schlienger, Nutrition clinique pratique  chez l’adulte et l’enfant,  Elsevier Masson, 2ème édition, 2014.
L. Chevallier, 60 ordonnances alimentaires, ElesevierMasson, 2011.
– CNGOF.
– AFD.
– Wang J, Zheng J, Shi W et al., « Dysbiosis of maternal and neonatal microbiota associated with gestational diabetes mellitus » 

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