La cicatrisation est un long processus pouvant être ralenti par divers facteurs. L’alimentation joue un rôle prépondérant dans le processus de cicatrisation, qui peut facilement être perturbé.
Les 3 phrases du processus de cicatrisation
La cicatrisation est un processus qui se déroule en 3 phases qui peuvent se chevaucher dans le temps :
1 – Une phase inflammatoire et vasculaire : ça chauffe, ça gonfle, c’est rouge… C’est normal, c’est la réponse immunitaire qui se met en place.
2 – Une phase de prolifération et de formation de nouveau tissu : au boulot, il faut reconstruire !
3 – Une phase de maturation du nouveau tissu : le nouveau tissu doit prendre pleine possession de sa nouvelle fonction et acquérir ses nouvelles capacités.
De nombreux acteurs au service de la cicatrisation
De nombreux acteurs vont intervenir pour permettre la cicatrisation : des cellules, des protéines structurelles (collagène), des facteurs de croissance… Bref, il y a pas mal d’intervenants et notre organisme ne fera pas appel à eux pour toutes les phases de la cicatrisation : chacun a un rôle précis !
Si tout ce petit monde fait bien son travail, la cicatrisation se fera correctement et selon un processus normal. En revanche, si un quelconque déséquilibre vient perturber la cicatrisation, cela conduit à un retard de cicatrisation et cela peut même engendrer des situations pathologiques, comme par exemple des escarres !
Une cicatrisation facilement perturbée
Les déséquilibres qui peuvent venir perturber la cicatrisation sont :
– La dénutrition.
– Une atteinte métabolique, le diabète par exemple.
– Une atteinte vasculaire.
– Une atteinte immunitaire.
– La prise d’anti-inflammatoires.
– La prise de corticoïdes.
– La chimiothérapie ou la radiothérapie.
– Une diminution de la mobilité.
– Le stress.
– La continence.
Donc, le processus de cicatrisation est très sensible et la moindre chose peut venir le perturber ! Au contraire, la cicatrisation peut aussi être favorisée par certains éléments que l’on retrouve notamment dans l’alimentation !
L’alimentation à la rescousse de la cicatrisation
Vous l’aurez compris, la première chose à faire en cas de perturbation de la cicatrisation, c’est traiter le ou les déséquilibre(s) à l’origine, quand c’est possible bien évidemment. Par exemple, en cas de dénutrition, on privilégiera un régime riche en protéines ; en cas de diminution de la mobilité ou en cas d’immobilité totale, on adaptera le matériel et on installera par exemple des matelas spécifiques…
Outre le fait de traiter les déséquilibres qui peuvent venir perturber la cicatrisation, certains nutriments peuvent aussi l’améliorer.
La glutamine : un acide aminé aux supers pouvoirs
La glutamine est un acide aminé (donc appartient à la famille des protéines) qui intervient à plusieurs étapes de la cicatrisation. Il va stimuler la prolifération fibroblastique et lymphocytaire, stimuler la production de cytokines et augmenter la réponse immunitaire de l’inflammation. En d’autres mots, la glutamine apporte un bénéfice en terme de vitesse de cicatrisation.
L’arginine : un autre acide aminé aux supers pouvoirs ?
Des expériences ont montré que chez des sujets sains, un apport en arginine permet une augmentation des protéines et du collagène au niveau des plaies. Rappelons que les protéines et le collagènes sont deux éléments structuraux qui permettent la cicatrisation.
Sur des plaies du quotidien cet effet a été démontré. Par contre, sur des plaies chroniques, c’est-à-dire des plaies qui mettent plus de 4 à 6 semaines à cicatriser, son effet n’est pas encore démontré.
Ne vous privez pas de glucides !
La cicatrisation est un processus qui consomme beaucoup d’énergie ! Or, les glucides sont une source importante d’énergie. D’ailleurs, chez les personnes diabétiques où on contrôle les apports en glucides, on remarque de la cicatrisation est altérée. Donc pour les personnes diabétiques qui ont des plaies, on conseillera surtout de maintenir un bon équilibre glycémique.
Ne vous privez pas non plus de lipides ! En effet un régime pauvre en acides gras est souvent associé à une altération et/ou un retard de cicatrisation.
Protéines, lipides, glucides… Et les vitamines alors ?
Et non, les vitamines ne sont pas à laisser de côté non plus : elles peuvent aussi vous permettre d’améliorer votre cicatrisation.
La vitamine A par exemple, a pour rôle de stimuler la prolifération et la différenciation fibroblastique ainsi que la synthèse de collagène. De plus elle active la réponse inflammatoire nécessaire à la cicatrisation. Cependant aucune étude n’a encore permis de prouver que des apports augmentés en vitamine A permettent une meilleure cicatrisation.
De même, la vitamine C est réputée pour jouer un rôle dans la synthèse du collagène, donc dans la cicatrisation. Des études ont prouvé que chez les personnes carencées en vitamine C, une supplémentation permettait de réactiver le processus de cicatrisation. Par contre, chez Monsieur et Madame tout le monde, il n’y a pas de preuve qu’un apport supplémentaire une vitamine C permette d’accélérer la cicatrisation… Dommage !
On aurait pu vous parler de la vitamine E qui stimule notamment la réponse immunitaire mais son rôle dans la cicatrisation est encore controversé.
Et pour finir… le zinc !
Le zinc a comme propriété de participer à la réponse immunitaire, en empêchant notamment la prolifération des bactéries. Il n’y a pas de preuve clinique qu’une supplémentation en zinc améliore grandement la cicatrisation, toutefois, on dira qu’il est fortement conseillé de corriger une éventuelle carence.
Arginine, glutamine, vitamines, zinc, lipides… ça nous fait une belle jambe ! Mais, concrètement, on mange quoi pour cicatriser ?
Rappelons tout d’abord, qu’il est essentiel d’avoir une alimentation équilibrée mais surtout DIVERSIFIÉE. C’est en diversifiant votre alimentation que vous arriverez à apporter à votre corps tous les nutriments dont il a besoin et d’autant plus lorsqu’il doit cicatriser une plaie. Favorisez :
– Les viandes, poissons, œufs et produits laitiers, notamment pour leurs apports en protéines donc leurs apports en glutamine et arginine.
– Les bonnes matières grasses ! Et oui, ce n’est pas parce qu’on vous a dit que les lipides aident à cicatriser qu’il faut se ruer sur tous les aliments gras ! Ainsi, pensez aux poissons gras (et en plus ils apportent des protéines, donc de l’arginine et de la glutamine !), aux bonnes matières grasses… Et évitez les plats du commerce, les viennoiseries, les biscuits apéritifs…
– Les légumineuses et les céréales contiennent aussi des protéines, donc on ne les oublie pas ! On retrouvera notamment de l’arginine dans le riz brun, l’avoine, le sarrasin, les lentilles et de la glutamine dans les lentilles, les pois cassés, les haricots… Bref, ne les négligez pas !
La cicatrisation est un processus très complexe. Il faut laisser faire le temps et venir aider notre corps grâce à une alimentation diversifiée qui lui apportera tous les outils et matériaux nécessaires à votre rétablissement !
Sources
– Diplôme universitaire – Nutrition et vieillissement
-Bardul A et al., « Arginine enhances wound healing and lymphocyte immune responses in humans », Surgery 1990, 108 : 331-337.
– EPUAP, Recommandations nutritionnelles dans la prévention et le traitement des escarres, Novembre 2003.
– Guillot B., « Physiopathologie des plaies chroniques et des retards de cicatrisation. Plaies et cicatrisations au quotidien », Sauramps médical. 2001.
– Senet P., Meaume S., « Physiologie de la cicatrisation cutanée », EMC 98-040-A-10, (2000).
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