L’institut national du cancer (INCa) et Santé publique France ont rendu publics les résultats d’une enquête « Quels regards les Français portent-ils sur les risques de cancer liés à la nutrition? ». A la lecture de ces résultats il apparaît que les Français sont conscients du rôle important que l’alimentation joue dans l’apparition du cancer mais d’autres messages brouillent le principal.
Une bonne connaissance générale du lien entre alimentation et cancer
Les personnes interrogées sont bien informées sur le rôle de l’alimentation dans l’apparition du cancer, 90,8 % en sont conscients. Cette perception évolue significativement avec l’âge. Si les plus jeunes, 15/24 ans, semblent moins convaincus (86 %), les 25-34 ans sont 90%; les 35-44 ans 91% pour arriver à 94 % chez les 75-85 ans.
Certains paramètres apparaissent comme des constantes, en effet pas de surprise en ce qui concerne le sexe; 92% des femmes sont plus sensibles au rôle de l’alimentation dans la genèse du cancer contre 89% des hommes. De même, plus le revenu et le diplôme sont élevés plus le pourcentage augmente. Ainsi, ils sont 88,9 % (niveau inférieur au bac) et 87,4% (revenu inférieur à 1100 euros) contre 92% (revenu supérieur à 1800 euros et niveau supérieur au bac).
Des plus fortes disparités selon le niveau de vie
Les personnes les plus précaires à très faibles revenus ou SDF, «perçoivent moins le rôle de l’alimentation sur le risque de survenue d’un cancer (81,2 % versus 91,3 % pour les personnes déclarant pouvoir manger tous les aliments qu’elles souhaitent) ». Ces personnes dépendant parfois de l’aide alimentaire, n’ont pas forcément la possibilité de choisir les produits et ont peut-être moins connaissance des recommandations nutritionnelles. Cependant, certains travaux ont montré que les immigrés d’Europe du Sud et les personnes âgées vivant en zone rurale dans le sud de la France ont conservé des habitudes alimentaires méditerranéennes, caractérisées justement par une consommation importante de fruits, de légumes et de poissons, malgré un revenu plus faible que celui de la population générale.
Un petit élément de surprise, les Français qui habitent à l’Ouest, au Sud-Ouest ou à l’Est indiquent plus fréquemment un rôle important de l’alimentation sur la survenue d’un cancer.
Pourquoi le régime méditerranéen est-il le meilleur des régimes ?
Un message parfois brouillé
Selon les messages diffusés, les Français ont bien identifié les produits « sains », comme les fruits et légumes, une majorité des participants (58,1 %) perçoivent ses bénéfices. Cependant ils auront tendance à bannir certains aliments ce qui n’est pas toujours synonyme de régime équilibré. Ainsi, la charcuterie et le sel ou les aliments salés sont perçus par une majorité des participants (respectivement : 62,2 % et 54,6 %) comme augmentant le risque de survenue d’un cancer. Mais, le sel est surtout la cause de maladies cardiovasculaires. On peut donc supposer que les sondés ont fait un amalgame entre aliments augmentant le risque de cancer et ceux facteurs de risques cardiovasculaires.
La consommation de viande rouge et les risques associés semblent trop peu connus. Selon le baromètre, seuls 42,6 % associent la viande rouge à une augmentation des risques de cancer. Si la consommation de viande a tendance à diminuer, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) reconnaît la viande rouge comme « cancérogène probable » notamment pour le cancer colorectal. Ensuite, parce qu’une étude française (sur la cohorte S.U.V.I.MAX) a constaté que ceux qui mangent en moyenne 100 g de viande rouge par jour ont un risque de cancer supérieur de 30 % à ceux qui n’en mangent que 40 g par jour. Le responsable n’est pas scientifiquement identifié, mais les chercheurs évoquent le fer héminique, présent dans la viande, qui favoriserait la formation de composés N-nitrosés cancérogènes.
Obésité et cancer ?
75 % des Français pensent que l’obésité augmente le risque de cancer cependant cette perception n’est pas la même selon l’indice de masse corporelle du sondé. En effet, plus l’IMC augmente moins l’influence de l’obésité dans la survenue du cancer est perçue, 77,6 % des personnes dont la corpulence est normale jugent l’obésité comme facteur de risque contre 73,6 % des personnes en surpoids et 71,3 % des personnes obèses.
Ce baromètre montre très clairement que les messages de santé publique sont plutôt bien reçus par les Français. Cependant, ils peuvent être confondus, santé cardiovasculaire ou risque de cancers ne sont pas très clairs. De plus, les français ont peut-être du mal à différencier les messages de santé publique et de certaines pensées émergentes.
Sources
– Institut national du cancer,
– OMS,
– Wanner, P., Khlat, M., Bouchardy, C., « Habitudes de vie et comportements en matière de santé des immigrés de l’Europe du Sud et du Maghreb en France », Revue d’épidémiologie et de santé publique, 199, 43 : 548-559,
– ResearchGate,
– Credoc.