Thé vert et cancer

Thé vert et cancer, arrêtons de rêver !

Le thé vert, riche en gallate d’épigallocatéchine (EGCG) de la famille des catéchines, a la réputation d’avoir un effet anti-oxydant et anti-inflammatoire sur le développement des tumeurs. Le réseau national alimentation cancer et recherche, affilié à l’Inra, s’est penché sur les vertus de cette boisson. Thé vert et cancer : résultats.

Thé vert et cancer, méta-analyse

L’alimentation a en effet un impact sur l’équilibre inflammatoire. Les sucres raffinés, les graisses saturées et l’alcool sont pro-inflammatoires, au contraire des graisses polyinsaturées et des antioxydants : caroténoïdes des fruits et légumes verts, polyphénols (légumes, thé, vin rouge), vitamines C, E, A, D. C’est pour cela que le thé vert a été porté aux nues par certains médecins qui n’hésitent pas à le recommander comme anti-cancéreux. Face à cet engouement, le réseau NACRe a donc cherché à savoir si le thé a des propriétés anti-cancéreuses. Il a posé 3 questions : le thé vert permet-il d’éviter l’apparition de cancers ? Peut-on en consommer à volonté ? Peut-on en boire pendant une chimiothérapie ?

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L’effet miraculeux de cette boisson ne résiste pas à une étude détaillée. Tout d’abord, les études qui suggèrent que « le thé vert ses extraits riches en catéchines et utilisés à fortes doses pourraient réduire la multiplication des cellules tumorales » n’ont jamais été démontrées chez l’humain mais sur des animaux de laboratoire ou de cellules en culture. De plus, NACRe a repris les résultats de plusieurs analyses effectués chez l’homme qui ne montrent « aucune association entre thé vert et cancer ». Plus précisément, « aucune étude clinique chez l’homme n’a montré de réduction de risques de cancer ».

Une alimentation diversifiée pour se défendre contre les agressions

Une alimentation diversifiée permet à l’organisme de trouver tous les éléments dont il a besoin pour se développer ou se défendre contre les agressions internes ou externes. Certains aliments riches en polyphénols, caroténoïde et vitamines C et E, aident nos cellules à piéger les antioxydants. D’autres vont nous aider à stopper la prolifération des cellules cancéreuses, ce sont les aliments riches en sulforaphane, anthocyanes, diallylSulfide, flavonoides et lycopène. Enfin n’oublions pas les aliments qui participent au renforcement du système de détoxification de la cellule, car ils sont riches en glucosinolates, sulforaphane, flavonoïde, sulfide. Ces aliments consommés régulièrement et de façon équilibrée participent tous à combattre le cancer, ils doivent donc être mangés de façon régulière sans en privilégier un plutôt qu’un autre.


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Thé vert, carence en fer et risques

Selon NACRe « le thé vert diminue l’absorption du fer, il est donc préférable de le consommer en dehors des repas et dans des quantités limitées ».

Le fer est nécessaire à l’organisme car il sert au transport de l’oxygène dans le sang par l’hémoglobine. Un manque de fer ou anémie ferriprive (AF), peut aussi compromettre les fonctions cognitives mais aussi la croissance des enfants et des adolescents. Chez les femmes, l’AF est plus importante. Sylvie Avallone, professeure de nutrition et sciences de l’alimentation (Montpellier SupAgro) explique « Les femmes ont des besoins en micronutriments essentiels supérieurs à ceux des hommes (tels que le fer, le zinc, les vitamines A, B9, B12) dès lors qu’elles deviennent en âge de procréer (menstruations), et plus fortement encore lors des périodes de gestation et d’allaitement. Elles ont notamment un besoin en fer de +45 % versus les hommes. En France, on estime que l’AF toucherait 16 % des femmes ».

La consommation insuffisante de fer biodisponible est une des causes de ces anémies. Actuellement, les femmes auraient tendance à manger moins de viandes voire à la supprimer complètement de leur alimentation. Or, le fer de la viande est mieux assimilé par l’organisme que celui des légumes ou des légumineuses. « On absorbe à peine 5 % du fer des légumes secs riches en fer, contre 20 à 25 % pour la viande », indique Sylvie Avallone.

Attention aux boissons trop chaudes

De plus, Nacre nous met en garde contre le fait de boire des boissons trop chaudes régulièrement« Le fait de consommer régulièrement des boissons chaudes à plus de 65 ° augmente le risque de  cancer de l’œsophage. » En effet, une récente étude suggère que consommer des boissons trop chaudes régulièrement provoque des brûlures qui lorsqu’elles sont répétées altèrent  la capacité auto-réparatrice des cellules lésées et augmentent ainsi le risque de développement de cancer.

De plus, « une consommation de compléments alimentaires à base de cathéchines à forte dose (800 mg par jour) est associé à des risque de toxicité hépatique ». En effet, selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments, les cathéchines que l’on trouve dans les infusions de thé vert ne présentent aucun danger. Cependant, « en ce qui concerne les compléments alimentaires, les experts de l’EFSA ont conclu – sur la base d’études réalisées auprès de volontaires sous surveillance médicale – que des doses d’EGCG de 800 mg/jour pourraient être associées à des signes initiaux de lésions hépatiques. »

Le thé, une boisson miracle ?

Thé vert : quel impact sur les traitements ?

Enfin, si vous suivez un traitement contre le cancer, sachez qu’il vaut mieux éviter la consommation de thé vert. NACRe prévient « le thé vert peut augmenter la toxicité de traitements de chimiothérapie et réduire l’efficacité de la chimio ou de la radiothérapie. »

De plus, selon une étude peu récente, le thé vert pourrait interagir avec certains médicaments comme des anticoagulants, les rendre moins efficaces, comme l’aspirine, ou plus efficaces. Précisez bien à votre médecin que vous consommez du thé vert si vous devez suivre un traitement dans la durée. En cas de chimio ou de radiothérapie, NACRe conseille d’arrêter de consommer du thé vert, le jour du traitement ainsi que les deux jours avant et après. Il est également conseillé d’arrêter d’en consommer avant une opération chirurgicale.

Une boisson à consommer avec modération…

Sources

NACRe,
–  Islami, F., Poustchi, H., Pourshams, A., Khoshnia, M., Gharavi, A. et al., « A prospective study of tea drinking temperature and risk of esophageal squamous cell carcinoma », International journal of cancer, mars2019,
– Morey B. et al., « A review of evidence-based practice in nutrition related complementary therapies: improving the knowledge of dietitians », Cancer Forum, Vol 35 Issue 2, 2011,
MeatLab.

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