À l’échelle mondiale, le nombre de cas d’obésité a presque triplé depuis 1975 : en 2016, 650 millions de personnes étaient obèses. Une véritable pandémie dont on entend beaucoup parler mais qu’on comprend trop peu. Trop d’interrogations persistent aujourd’hui dans la pensée commune. Mais LQDP a trouvé ses réponses dans Obésité : s’enrober ou s’en tirer ?
Obésité : tout n’est pas qu’une histoire d’alimentation
Saviez-vous que l’obésité est officiellement reconnue comme une maladie métabolique chronique ? Même si nombreux n’admettent pas l’obésité telle une maladie, les auteurs Suren Budhan, médecin et chercheur en nutrition, et Jean-Loup Bascands, directeur de recherche Inserm, rappellent qu’il s’agit bel et bien d’une maladie métabolique car « elle affecte les réactions biochimiques qui permettent le fonctionnement du corps et la régulation de la dépense énergétique. » Mais il s’agit aussi d’une maladie dite chronique car elle évolue lentement, accompagnée de son lot de complications.
Les recherches actuelles tendent à démontrer que les personnes en surpoids ou obèses ne seraient pas les seules responsables de leur état de santé. Bien d’autres facteurs doivent être pris en compte, les facteurs génétiques ou environnementaux notamment. Tout ne peut pas être mis sur le dos de l’alimentation. Par exemple, une personne a 2 à 8 fois plus de risque d’être obèse lorsque des membres de sa famille le sont également. Faut-il penser que l’incidence génétique prévaut sur les autres facteurs ? Non plus ! Ainsi que le soulignent les auteurs, « un groupe familial ne partage pas que des gènes, il partage également des modes de vie et des habitudes alimentaires. » L’obésité résulte avant tout d’une combinaison de ces facteurs, pas seulement du poids de la génétique ou de l’alimentation.
Quand la génétique a commencé à s’en mêler
D’ailleurs, les premières preuves du lien entre obésité remontent à 1994, quand une mutation génétique (le gène ob), potentiellement source d’hyperobésité, est découverte chez des souris obèses. Trois ans plus tard, la même mutation génétique est découverte chez une jeune fille présentant une obésité massive. Ce que nous apprennent les auteurs de cet ouvrage est que ladite mutation du gène ob est corrélée à un déficit en leptine (l’hormone de la satiété), d’où un besoin de manger constant. Si le déficit en leptine ne concerne qu’une infime partie des cas d’obésité, ce fut néanmoins la première démonstration du lien entre obésité et génétique. Depuis, les recherches qui tendent à souligner les liens étroits entre génétique et obésité se multiplient. Suren Budhan et Jean-Loup Bascands soulignent d’ailleurs que, selon les études, nos gènes contrôlent 30 à 80 % de la variation de la masse corporelle et du tour de taille.
Quid du mode de vie et de l’environnement ?
Notre société a connu de tels bouleversements que nos vies n’ont plus rien à voir avec celles de nos aïeuls. Notre rythme alimentaire subit aussi de plein fouet ces bouleversements : avec notre vie professionnelle, ou personnelle, il nous est parfois difficile de prendre trois repas par jour à heures fixes. Un imprévu, un apéritif qui s’éternise, une panne de réveil : faire l’impasse sur un repas est fréquent. Pour rattraper ce repas perdu, nous avons tendance à grignoter, parfois continuellement, favorisant de fait un plus grande quantité de calories avalées. Et ces petites collations que nous nous autorisons sont de plus en plus denses en calories, et proposées dans des portions toujours plus conséquentes, bouleversant ainsi nos quantités d’apports en glucides, protéines et lipides.
Il nous est davantage difficile encore de manger sereinement, en prenant le temps. Et, vous vous en doutez, un sandwich ingurgité entre deux rendez-vous ne permettra pas à notre cerveau de recevoir les signaux de satiété nécessaires. Donc nous mangeons plus. L’environnement dans lequel nous évoluons a un impact conséquent sur la prise de poids, et nous avons très souvent tendance à l’oublier. Cette course contre la montre permanente a en outre un impact sur notre activité physique. Nous manquons de temps, nous favorisons la voiture, l’ascenseur, et nous n’osons même plus envisager d’aller courir une heure après avoir passé huit heures assis sur une chaise, face à notre écran. La sédentarité est clairement en cause dans l’augmentation constante de personnes en surpoids ou obèses.
Assis plus de 7h par jour… et si la sédentarité était le mal du siècle ?
Obésité : s’enrober ou s’en tirer ?
Les auteurs font la part belle aux traitements et perspectives de l’obésité. L’une des voies les plus usitées reste aujourd’hui le régime, parfois drastique. Or, se mettre au régime pour perdre du poids se solde régulièrement par un échec. Après une période de privation trop conséquente, la restriction cognitive, survient très régulièrement une perte de contrôle alimentaire. Puis, lors du retour à une alimentation dite normale, notre organisme va recommencer à stocker, par peur d’une nouvelle restriction. Les kilos perdus sont repris et d’autres les accompagnent. Reprendre en main son alimentation ne signifie pas privation. Il faut réapprendre à manger et redécouvrir ce qu’est l’équilibre alimentaire, connaître les proportions adaptées, et comprendre nos sensations alimentaires. Mais il est parfois difficile d’y parvenir seul, un accompagnement est donc nécessaire. Et les perspectives d’accompagnement sont multiples et devraient encore évoluer face à l’accroissement incessant de l’obésité.
Concerné ou non, il faut comprendre l’obésité. Pour ne plus émettre de jugements au coin de la rue ou lorsque vous faites vos courses, pour saisir les raisons pour lesquelles l’obésité est vraiment le fléau de ce siècle. Après avoir lu, relu, re-relu Obésité : s’enrober ou s’en tirer ?, nous avons compris.
Suren Budhan et Jean-Loup Bascands, Obésité : s’enrober ou s’en tirer ?, les éditions Le Muscadier en partenariat avec l’Inserm, 2019, 9,90 €. Disponible en librairie ou sur le site de la Fnac.
Contenu relu et validé par une diététicienne WeCook.