Etty Buzyn, auteure de Quand les mères craquent, consacré au burn-out maternel

Etty Buzyn : essayez de ne pas être une mère parfaite ! Vous rendrez service à vos enfants.

La pression subie par les mères d’aujourd’hui est telle que leurs limites sont parfois atteintes. Leur quête de perfection ainsi que leur quotidien de mère et de working mom les épuisent. Puis vient le point de rupture. Elles ne supportent plus leurs tendres chérubins et pensent qu’elles sont de mauvaises mères. Cette triste réalité a un nom : le burn-out maternel. Etty Buzyn, psychologue et psychanalyste, vient de publier Quand les mères craquent aux éditions Leduc, ouvrage consacré à ce phénomène encore méconnu. Et nous avons eu le plaisir de l’interviewer !

Quand les mères craquent, le burn-out maternel expliqué

Mme Buzyn, vous exercez encore. Dans votre livre, vous évoquez de nombreuses patientes au détour d’anecdotes qui illustrent vos propos. Est-ce que vous avez écrit ce livre pour témoigner des cas que vous rencontrez dans votre pratique ou vous pensez que c’est le nouveau mal du siècle, celui dont il faut parler ?

D’une part, c’est vrai que j’ai accumulé nombre d’observations de ce genre. Les mères qui laissent échapper un « si j’avais su… », quand elles pénètrent dans mon bureau, sont assez fréquentes. Je me suis dit que cela pouvait être intéressant de leur donner des pistes pour se sortir de cette situation.

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D’autre part, cet ouvrage m’a été proposé par les éditions Leduc car, sur le plan clinique j’avais de quoi construire une réflexion. Et je pouvais y apporter mon expérience personnelle et celle de mes enfants, et de mes huit petits enfants, ce qui donne un peu d’épaisseur à mes propos.

Comment, moi en tant que mère, puis-je savoir que je fais un burn-out maternel ? Comment mettre un mot sur le mal que j’ai ?

Question intéressante. Déjà, la mère ressent un sentiment de fatigue qui va jusqu’à l’épuisement. Le fait de ne plus pouvoir supporter le bruit, les demandes des enfants, cette dépendance qui est le propre des mères, leur quotidien. Car, force est de reconnaître que c’est vers la mère que se cristallisent les besoins, les crises infantiles. Le burn-out est progressif, après l’épuisement vient la dévalorisation. La mère finit par penser qu’elle est une mauvaise mère et qu’elle n’est pas faite pour ça.


Comment distinguer le burn-out maternel d’une dépression, d’une énorme fatigue ? Les symptômes sont sensiblement identiques, non ?

Vous avez raison, les symptômes se ressemblent, mais les signaux sont là. Le signe patent majeur est le rejet, elle ne comprend plus et ne supporte plus ses enfants. Ce rejet peut se manifester à divers âges de l’enfant. En fait, le premier signal est illustré par une incapacité à s’occuper de lui, à supporter ses demandes et ses exigences, et les contraintes que cela suppose.

Certaines femmes sont-elles prédisposées au burn-out maternel ? Certaines situations y conduisent-elles ? Je pense notamment aux familles mono-parentales, aux mères isolées.

Bien sûr, il y a des prédispositions. Certes il y a la solitude, le fait d’être une mère isolée, de tout porter sur ses épaules sans pouvoir en référer à quelqu’un d’autre. Mais il y aussi l’histoire personnelle qui tout à coup se révèle, à l’occasion de la naissance d’un enfant, et qui peut être l’histoire infantile propre de la mère voire du père, même si pour lui c’est moins récurrent.

Il y a de fait plusieurs conjonctions qui entrent en jeu ; familiale tout d’abord, c’est-à-dire les conditions dans lesquelles une mère élève son enfant, et personnelle, ou liée à son histoire, à son passé.

Peut-on dire que le burn-out maternel est lié au fait que la femme a deux rôles distincts à accomplir ? Mère de famille et femme active, ou « working mom » tel que vous l’écrivez ? En définitive, burn out maternel comme symptôme du mal-être actuel ?

Cela paraît très rétrograde qu’une femme au foyer fasse un burn-out mais, si toute sa vie se résume à ses enfants, cela peut exacerber ses tensions internes. Et la femme au foyer d’antan n’avait pas ce poids qu’est la nécessaire participation à l’économie familiale alors qu’aujourd’hui c’est le cas, ne serait-ce que pour préserver son indépendance, sa liberté.

Dans votre livre, vous mentionnez Régis, qui vous a consultée suite à un problème de comportement. Le jeune garçon était en effet violent dès qu’il essuyait un refus de la part de ses parents. Et pourtant, ce qu’il attendait, c’était davantage d’autorité. Le parent, victime de « l’enfant-soleil », est-ce une problématique récurrente ? En progression ?

J’en parle en effet dans mon livre Je t’aime donc je ne céderai pas. C’était impressionnant, le petit était saturé de la surprotection de ses parents. Cette problématique est devenue une clinique en soi, « l’enfant-soleil » autour duquel se centrent toutes les attentions, toutes les décisions. Ce sont des enfants dont les parents veulent faire des enfants idéaux, les propulser le plus haut possible, leur proposer de réaliser ce que eux n’ont pas pu faire. Ce qui finit par être trop lourd à porter pour leur progéniture.

L’enfant et sa réussite sont au cœur des préoccupations de la mère. À tel point que la mère, qui est aussi femme, en oublie de penser à son propre bonheur ? Autrement dit, la réussite de l’enfant, cette obsession de la performance serait une autre cause du burn-out maternel ?

C’est le cas très souvent en effet, la mère tend à oublier ses besoins personnels, intellectuels, affectifs… Certaines mères s’investissent totalement dans l’avenir de leur enfant, à tel point qu’elles délaissent tout ce qui ne le concerne pas, c’est-à-dire leur vie personnelle et leur vie de couple. Il n’y a de place pour rien d’autre que leur enfant, ce qui finit par étouffer ce dernier.

Peut-on dire que les mères se trouvent soumises à une pression permanente ? Que la pression est omniprésente aujourd’hui ?

Absolument. Je leur propose donc d’être des mères imparfaites ! Je pense qu’il n’y a pas d’autre solution, la mère parfaite n’existant pas, malgré tous les efforts qu’elle peut y mettre. Même si toute leur énergie passe dans ce projet, ce n’est pas possible, et j’ai même envie de dire que ce n’est pas souhaitable. Car c’est un projet qui peut être destructeur pour l’enfant dans la mesure où cela finit par lui couper les ailes, lui enlever son espace à lui, et son accession à l’autonomie. Je pense donc que cette quête de la mère parfaite est une très mauvaise idée.

Quels conseils donneriez-vous à ces mamans débordées pour leur éviter le burn-out ?

Accepter d’être imparfaite, accepter ce statut d’être imparfaite et de bricoler à sa manière sa relation avec son enfant. En fait, ce qui est essentiel c’est l’amour, c’est montrer à son enfant qu’on l’aime. On peut s’autoriser certaines imperfections car si on lui prouve qu’il est aimé, il comprendra et acceptera certaines limites. L’amour se manifeste de différentes manières, de sorte qu’il n’est pas nécessaire de trop combler les demandes de l’enfant.

Un immense merci à Mme Buzyn, pour sa patience et cet instant de partage.

Vous souhaitez savoir si vous approchez du burn-out maternel ? N’attendez plus et commandez dès à présent Quand les mères craquent !

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