Oui, nos seniors consomment trop de médicaments

Trop de médicaments ?

Quand elle n’avait plus de médicaments, ma grand-mère, qui habitait à la campagne, «convoquait » son médecin traitant et « passait commande » :
– «Ah, non, docteur, celui-ci, je l’ai arrêté car il me donnait des aigreurs d’estomac. Par contre, je n’ai plus de celui-là. Vous m’aviez prescrit un chaque soir mais j’ai doublé la dose…»
Qui n’a pas eu un aïeul qui « choisissait » ses médicaments ou dictait l’ordonnance à son médecin, souvent de famille ?
Aujourd’hui, les soins sont davantage suivis et contrôlés mais certains seniors continuent à faire leur « petite cuisine » : ils savent « ceux qui ne servent à rien. »

Avec 7500 décès par an chez les plus de 65 ans, un enjeu de santé publique.

En effet, selon l’étude « Réviser les ordonnances à rallonge chez les seniors pour limiter les risques » publiée par 60 millions de consommateurs, 20 % des plus de 65 ans (soit 5 % de la population française) sont polymédiqués, c’est-à-dire qu’ils prennent, de façon récurrente et en continu, au moins 7 médicaments différents. Et la majorité d’entre-eux atteignent le nombre de 14 !
Et encore, ces chiffres ne prennent pas en compte l’automédication. Celle-ci a l’avantage de désengorger les cabinets médicaux mais n’est pas sans risque  : « 50% des traitements délivrés sans ordonnance sont inefficaces, mais non dénués d’effets indésirables » affirme Jean-Paul Giroud, pharmacologue, membre de l’Académie de médecine et de la commission d’autorisation de mise sur le marché (AMM) à l’Agence du médicament.

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Cette surconsommation médicamenteuse entraîne des erreurs de prises, des oublis, des lassitudes voire des effets indésirables lourds. Certains patients vont même jusqu’à interpréter leur ordonnance ou arrêter certains médicaments sans oser avertir leur médecin traitant !
L’iatrogénie médicamenteuse – ce terme désigne les effets indésirables provoqués par les médicaments, leur association avec une autre substance incompatible, l’incompatibilité avec le profil du patient ou une erreur de prise – porte la responsabilité de 20 % des visites en urgence et surtout de 7500 décès par an chez les seniors. D’ailleurs, la société sensibilise de plus en plus les citoyens au caractère potentiellement dangereux des médicaments avec l’apparition, depuis près de 10 ans, des pictogrammes sur les boîtes de médicaments, les notices d’usage mentionnant les associations à risque et effets indésirables…

Il faut coordonner  les prescriptions !

L’étude montre qu’en moyenne les ordonnances émanent de deux à trois médecins différents. De plus, ce sont souvent des prescriptions sur le long terme correspondant à des pathologies chroniques (diabète, hypertension…) Il s’agit donc de coordonner les professionnels de santé de différentes spécialités et de faire suivre les prescriptions de l’hôpital à la médecine de ville ou inversement.


En effet, selon la HAS, 5 à 10 % des hospitalisations et 60 à 80 % des réadmissions après un séjour à l’hôpital seraient provoquées par les effets indésirables liés à la prise de médicaments. Selon l’Assurance Maladie, ils seraient à l’origine de 1 500 000 journées d’hospitalisation.

“Le sujet majeur, c’est la pertinence des prescriptions”

En effet, selon le professeur Claude Jeandel, Président du Conseil national professionnel de gériatrie, il s’agit, en premier lieu, d’adapter la prescription à l’âge du patient, à son état psychologique et physiologique. Ensuite, il convient de l’ajuster en fonction de l’évolution de la ou des maladie(s).

Le rôle du médecin traitant est essentiel. Grâce au dossier médical partagé, il devrait disposer de toutes les données médicales et pourra, ainsi, coordonner les prescriptions.
Le pharmacien, avec le dossier pharmaceutique qui centralise tous les traitements, aura également un rôle à jouer.

Agir dès maintenant : la mutation des mentalités des médecins et des patients

La surconsommation de médicaments chez les seniors est bien l’affaire de tous ! Au-delà de la coordination des prescriptions et des pratiques, faisons confiance à notre bon sens. Quand un patient ou un aidant constate un changement de comportements ou une aggravation des troubles, il faut, au plus vite, le signaler au médecin traitant.

Ne pas oublier qu’une réévaluation régulière chez son médecin traitant est l’occasion d’écarter «les médicaments qui ne sont plus indispensables ou carrément devenus inappropriés. Et surtout de rappeler qu’une longue ordonnance n’est pas significative d’efficacité et  qu’une ordonnance a une durée dans le temps (ne pas utiliser d’anciennes ordonnances).

Sources

L’étude OpenHealth : L’étude a été commandée à Open Health, une société spécialisée dans la collecte et l’analyse de données de santé. Elle a été menée du 01/09/2016 au 30/11/2016, auprès de 154.304 personnes, âgées de 65 et plus, qui faisaient l’objet d’une dispensation comprenant au moins sept médicaments différents. Les dispensations étaient effectuées dans 2.670 officines établies en milieux urbains et ruraux.

 

1 Commentaire

  1. […] cancer du rein et de la vessie lors d’une immunothérapie.  Lorsque ces patients prennent des antibiotiques 2 mois avant ou 1 mois après une immunothérapie, ils rechutent plus rapidement et survivent moins […]

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