En janvier 2016 a ouvert la première structure d’urgences vasculaires intestinales (SURVI) à l’hôpital Beaujon. Dédiée à la prise en charge de l’ischémie intestinale et des maladies vasculaires de l’intestin, son but est de cibler la viabilité de l’intestin et de réduire la mortalité, les taux de résection intestinale ou encore les syndromes de grêles de l’intestin viable.
L’ischémie intestinale, qu’est-ce que c’est ?
Il s’agit d’une obstruction soudaine et complète de l’artère mésentérique supérieure – qui irrigue la majeure partie du tube digestif – par un caillot. Le Pr Olivier Corcos souligne qu’ « une douleur abdominale intense, inhabituelle, sans répit, nécessitant de la morphine, discordante avec un ventre souple doit faire évoquer l’ischémie intestinale (même chez le jeune, même hors facteur de risque cardiovasculaire connu, même si les lactates sont normaux) et pratiquer un angioscanner (sans injection, avec temps artériel et temps portal) ».
Une prise en charge précoce pour sauver le malade et son intestin
Ce dispositif, unique en son genre, propose une prise en charge multidisciplinaire et innovante des ischémies intestinales, ou infarctus de l’intestin, dont le taux de mortalité est très élevé (supérieur à 80 %) et les séquelles importantes chez les survivants. Ces derniers subissent souvent une résection étendue de l’intestin, responsable d’un syndrome de grêle court et d’un besoin de nutrition par perfusion sur le long terme.
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Le Pr. Olivier Corcos a élaboré un protocole de prise en charge et mène, depuis 2009, une étude pilote. Ce protocole a permis d’inverser le pronostic avec un taux de survie supérieur à 80 % et un taux de résection intestinale de 40 %.
Enfin un peu d’espoir pour l’ischémie intestinale aiguë
Après ladite étude pilote, SURVI a accueilli 400 malades en deux ans. Les motifs principaux d’admission étaient l’ischémie intestinale ou une maladie vasculaire intestinale sans ischémie. Les résultats sont particulièrement encourageants : sur 200 patients en ischémie aiguë, le taux de mortalité s’élève à 17 % avec 30 % de résections. Et seuls 13 % des patients ont un grêle court nécessitant un besoin de nutrition par perfusion, ou nutrition parentérale.
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La structure SURVI a de beaux jours devant elle
Les capacités d’accueil de ladite structure sont appelées à doubler (de 4 à 8 lits de soins intensifs). SURVI a également fait l’acquisition d’un dispositif diagnostique innovant permettant une mesure endoscopique de la saturation en oxygène de la muqueuse intestinale. Une étude va en outre évaluer les intérêts (médical et économique) de ce type de structure à l’échelon national. Et, une cohorte nationale des maladies vasculaires et ischémiques intestinales est en préparation avec le soutien de la Société nationale française de gastroentérologie (SNFGE).
Vers un modèle national ?
Ce genre de structure est a priori voué à s’exporter. Treize CHU de région s’organisent actuellement pour un maillage conséquent du territoire national.
« Souvent l’intestin récupère, et le patient repart chez lui en pouvant manger… Ce service médical rendu, le soutien institutionnel et l’intérêt y compris à l’international nous encouragent à diffuser cette prise en charge », se réjouit le Pr Corcos.
Sources
– A. Nuzzo et al., « Predictive Factors of Intestinal Necrosis in Acute Mesenteric Ischemia: Prospective Study from an Intestinal Stroke Center », Am J Gastroenterol., avril 2017, 112(4), p. 597-605.
– A. Nuzzo et O. Corcos, «Reversible Acute Mesenteric Ischemia », N Engl J Med., octobre 2016, 375(15).
– Journées Francophones d’Hépato-gastroentérologie et d’Oncologie Digestive.
– Le Quotidien du Médecin.