Selon une étude menée par l’Ifop et publiée par Malakoff Médéric, un salarié du privé sur quatre auquel le médecin a prescrit un arrêt maladie ne l’a pas respecté. Dans près de 40% des cas, ces maladies étaient liées… au travail.
Un arrêt maladie prescrit doit-il toujours être suivi par le malade ?
Et bien non ! D’ailleurs, en 2018, près d’un salarié du privé sur quatre y a renoncé de façon partielle ou totale. Selon une étude sur l’absentéisme au travail publiée mercredi par Malakoff Médéric, c’est un chiffre en augmentation. 42% des personnes interrogées par l’étude se sont vu prescrire un arrêt maladie au cours des douze derniers mois et 23% d’entre-eux ont décidé de ne pas respecter leur arrêt maladie. Il n’étaient que 19% en 2016.
Plus précisément, 8% des arrêts ont été pris partiellement et 15% pas du tout. Un chiffre qui marque une « progression significative », a indiqué à l’AFP Anne-Sophie Godon, directrice Innovation au sein du groupe de protection sociale. Deux ans plus tôt, seuls 12% des personnes interrogées n’avaient pas respecté du tout leur arrêt maladie prescrit.
Les salariés renoncent essentiellement aux arrêts de courte durée. Le taux de renoncement est de 18 % pour les arrêts prescrits pour quatre à cinq jours, de 22 % pour ceux de six à dix jours, mais de 5 % seulement pour les arrêts de plus d’un mois. Or « 86 % des arrêts de moins d’un mois ne représentent qu’un tiers (29 %) des jours d’arrêt », indique l’étude de Malakoff Médéric.
Une recrudescence des maladies professionnelles
Ceux qui ne prennent pas complètement leur arrêt maladie sont à 48% des dirigeants salariés et à à 22% des cadres. Un phénomène également marqué dans les secteurs de l’hôtellerie-restauration (30%) et du commerce (19%, contre 6% dans la banque-finance-assurance). Et les employés en télétravail n’échappent pas à la règle : parmi eux, 24% renoncent à leur arrêt maladie », relève encore la directrice.
De plus, près de deux arrêts maladie sur cinq (39%) sont liés au contexte professionnel : TMS (Troubles musculosquelettiques), troubles psychologiques, épuisement, dépression… Résultat : les salariés du privé qui n’ont pas respecté leur arrêt maladie en 2018 sont 45% à penser que cela a eu un impact sur leur productivité, 38% à estimer que cela a nui à la qualité de leur travail et 24% à juger que cela a allongé la durée de leur maladie.
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Pourtant, l’absentéisme augmente bel et bien.
Entre 2012 et 2016, la durée moyenne des arrêts de plus de trente jours a augmenté de 10 %. Le nombre de jours d’absence des salariés est passé de 13,5 à 17 par an en moyenne en dix ans.
Et en 2016, ce chiffre s’envole. « La part des affections psychiques dans les accidents du travail a augmenté de 60 % entre 2011 et 2016 pour atteindre 10 000 en 2016 », précise Malakoff Médéric et le nombre de demandes de reconnaissance de ces affections en maladie professionnelle est passé de 200 en 2012 à 1 100 en 2016.
Enfin, 2016 marque le maintien dans la vie active des seniors touchés par le relèvement de l’âge de la retraite à taux plein sans décote de 65 à 67 ans. Ainsi, 42,7 % des arrêts longs sont pris par des salariés de 50 ans et plus. C’est la catégorie d’actifs qui renonce le moins à suivre l’avis médical. Les plus de 50 ans ne sont que 12 % à ne pas prendre leur arrêt maladie.
Cette situation a pour conséquence directe l’augmentation du montant des indemnités journalières. La grande inquiétude du gouvernement : comment freiner l’augmentation du coût des arrêts maladie ? Le Premier ministre Édouard Philippe a missionné des experts qui privilégient plusieurs pistes de réflexion, dont le télétravail.