ArticleTous pour unVivre avec sa pathologie

Le handicap, l’école de la patience

Qui aurait cru que les mots « passion », « patience », « patient » et « passif » avait la même origine ? Dérivé du mot latin « patiens », « celui qui souffre » ou « celui qui endure ». Les grands blessés et autres accidentés de la route devenus tétraplégiques ou paraplégiques vont vite comprendre et apprendre, « à leur corps défendant », l’étymologie de la langue française.

Un, deux, trois

[…] Ernest me déshabille et, aidé d’un autre aide-soignant, il me transfère sur un brancard : « Un, deux, trois ! » Ce brancard est un peu particulier. Il est intégralement bleu, recouvert d’une matière plastique imperméable. Une fois sur mon nouveau moyen de transport, Ernest me met un drap sur le corps pour que je ne caille pas trop et me balade dans les couloirs, direction la douche. Enfin, la salle de douche.
Ernest bloque le brancard au centre de la pièce, enlève le drap qui était sur moi, attrape la pomme de douche, un gant, un morceau de savon, et c’est parti. Quand je vous disais qu’on allait être intime avec mon petit Ernesto. Il me lave minutieusement, sans état d’âme et dans les moindres recoins, puis me brosse les dents.
Ernest me sèche et me ramène dans ma chambre. Avant de me remettre au lit, c’est l’heure de m’habiller. Le simple fait de m’enfiler des vêtements est une vraie galère pour nous deux car je ne peux faire aucun mouvement qui puisse l’aider. C’est comme s’il devait habiller une poupée mais, là, la poupée mesure un mètre quatre- vingt- quatorze.
L’épreuve de l’habillage passée, un nouvel aide-soignant nous rejoint pour me transférer sur le lit (« Un, deux, trois ! »). Merci Ernest, au revoir et à demain.

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L’important, c’est pas le handicap, c’est la dépendance.

Cet extrait de Patients aux éditions Don Quichotte est éloquent. A la fois caustique et tendre, sans pathos et attachant, cru et pudique, Grand Corps Malade raconte sa lente rééducation après un plongeon dans une piscine pas assez remplie. C’est un combat et aussi une ode à la vie : c’est bien le moins en cette journée mondiale des personnes handicapées.

Après Intouchables (et son incroyable succès) en 2011 , De rouille et d’Os en 2012, Patients tiré du roman éponyme est sorti au printemps 2017. La critique n’est pas unanime mais ce n’est pas le sujet du jour.
Le handicap inspire. On compte pas moins de 9 festivals sur le handicap : plutôt physique, c’est plus  photogénique) ; des dizaines de livres (autobiographie, témoignages…)  : l’autisme est très tendance…
Le handicap fait vendre. Pour autant, le cinéma raconte, informe, fait prendre conscience mais n’oblige pas à porter  un casque, à rouler à jeun, et n’empêche pas de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.


2 réflexions sur “Le handicap, l’école de la patience

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