Le triclosan, vous connaissez ? Non, eh bien, vous allez certainement en entendre beaucoup parler durant les mois à venir ! Il s’agit d’un antimicrobien utilisé dans beaucoup de produits de consommation courante tels les cosmétiques (lotions pour le corps, gels douches…) mais aussi les produits antibactériens (savons, lotions pour la bouche), désinfectants pour les mains…
Le triclosan soupçonné de pas mal de maux
Tout d’abord ce serait un perturbateur endocrinien mais il favoriserait aussi l’émergence de bactéries résistantes aux antibiotiques. Une équipe de chercheurs a étudié les effets du triclosan sur les organismes de souris exposées durant trois semaines. Les résultats montrent tout d’abord qu’on retrouve ce produit dans le plasma des souris exposées, mais elles présentent aussi un état d’inflammation généralisé particulièrement marqué au niveau du côlon. Les souris qui souffraient déjà d’une maladie inflammatoire de l’intestin, comme la colite ulcéreuse, ont vu leurs symptômes s’aggraver. Chez celles atteintes d’un cancer du côlon, le triclosan augmentait le nombre de tumeurs, leur taille, etc.
Une modification du microbiote
Le triclosan réduirait également la diversité bactérienne
et la composition du microbiote. En effet, il provoquerait une réduction de 75 % des bactéries reconnues pour leurs effets anti-inflammatoires. Aussi, une autre étude récente effectuée chez l’humain a montré que l’utilisation quotidienne d’un dentifrice contenant du triclosan modifiait le microbiote de ces personnes.
En d’autres termes, les antimicrobiens, en modifiant la flore intestinale, y favorisent l’inflammation. On peut alors légitimement se demander si l’exposition au triclosan ne serait pas aussi nuisible aux personnes atteintes d’une maladie métabolique étant donné que l’inflammation intervient dans plusieurs de ces pathologies.
Interdiction pour le triclosan et ses analogues
Maryse Bouchard, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal et co-auteure de cette étude pense qu’il faudrait probablement interdire le triclosan, « du moins dans les produits comme les dentifrices que l’on ingère, car il ne semble même pas y avoir de bénéfices à l’utilisation de ces produits antimicrobiens. Ils ne préviennent pas les infections. En l’absence de bénéfices et en présence de risques, même si ces derniers ne sont pas prouvés — nous disposons néanmoins de démonstrations assez convaincantes de certains risques —, on ne devrait pas en favoriser l’utilisation. Toutefois, il ne faudrait pas que l’industrie supprime le triclosan pour le remplacer par un analogue chimique dont nous ne connaissons pas les effets. S’il y a interdiction, il faudrait que celle-ci vise aussi les analogues », dit-elle.
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