Réduction de l'absorption des graisses dans l'intestin

Réduire l’absorption des graisses plus facilement, vous en avez rêvé ? Des chercheurs l’ont fait !

Une équipe de chercheurs a, par hasard, découvert la solution qui pourrait bien changer la vie de nombreuses personnes : la réduction de l’absorption des graisses ! Concrètement, il devrait être possible, un jour, de ne pas prendre de poids malgré un régime riche en graisses. Un réel intérêt pour le traitement de certaines pathologies. Explications.

Une réduction de l’absorption des graisses : une découverte par hasard

Hé les filles ! Vous en avez marre de faire attention à votre ligne  ? D’aller à la chasse aux calories ? De décortiquer les étiquettes des aliments ? D’ailleurs, s’il existait une thèse en Sciences de lecture des étiquettes et connaissances des lipides des aliments, vous auriez les félicitations du jury et même du monde entier !

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Pour vous, les doctor ès sciences des lipides des aliments (bien oui, il faut bien exceller dans un domaine), des chercheurs ont trouvé un moyen de réduire l’absorption des graisses ! Alors non, il ne s’agit pas de cloner des moutons dont on ne saura pas que faire (youpi, la terre se meurt MAIS on aura plein de moutons !). Non non, plus sérieusement, cette découverte peut être totalement intéressante car si elle s’applique sur l’homme, elle pourra diminuer le nombre de maladies cardiovasculaires. On vous en dit plus !

En recherche, tout est une question de modèle. L’idée est d’avoir un modèle qui se rapproche au mieux de ce qui se passe chez l’homme. C’est pour cela que les équipes de chercheurs développent des modèles expérimentaux, que ce soit des modèles cellulaires ou bien des modèles animaux. C’est ce qu a fait l’équipe.


En voulant développer un modèle de souris obèses non diabétiques, ils ont découvert un mécanisme d’absorption des lipides jusque là inconnu. Chose incroyable alors même que la littérature est assez dense à ce sujet. Alors, pour ce faire, cette équipe a voulu créer des modèles de souris génétiquement modifiés. Les souris qu’ils ont développées ont eu accès à une alimentation riche en graisses. Malgré cela, leur poids n’a pas évolué, alors que le poids des souris témoins ayant accès au même régime a augmenté de façon conséquente. Bizarre …

Perte de poids facile ? Il suffit de savoir compter jusqu’à 10… et restreindre sa plage alimentaire

Des récepteurs aux lipides impliqués dans cette réduction des graisses

Ni une ni deux, cette même équipe a tenu à comprendre les déterminants. Après dosage sanguin, elle a mené sa recherche au niveau intestinal, et plus particulièrement au niveau des lactifères. Il s’agit de terminaisons de vaisseaux lymphatiques, la lymphe étant un filtrat du sang qui circule dans notre organisme.

Et la découverte est là : les lactifères permettent une absorption des graisses par voie active, c’est-à-dire que c’est un mécanisme qui demande de l’énergie au corps. Les pores présents au niveau des cellules des vaisseaux lactifères absorbent donc de façon active les graisses issues de l’alimentation. Cette absorption s’effectue sous le contrôle de 2 types de récepteurs (FLT1 et NRP1). L’absence de ces récepteurs induit une fermeture des pores aux niveaux des vaisseaux lactifères. Il en résulte une impossibilité d’absorber les graisses. Et donc une absence de prise de poids avec un régime riche en graisses.

Des perspectives dans la prise en charge de l’obésité ainsi que dans les maladies cardiaques

Cette découverte peut avoir de grandes répercussions dans la prise en charge de certaines pathologies. Pour rappel, en 2016, la prévalence du surpoids était de 41,0% et 25,3%, respectivement, chez les hommes et les femmes. La prévalence de l’obésité globale était de 15,8% pour les hommes et de 15,6% pour les femmes, celle de l’obésité abdominale était de 41,6% et 48,5% respectivement chez les hommes et les femmes.

Surpoids et obésité : quelles différences ?

De même, la prévalence des dyslipidémies est la suivante : 30% pour l’hypercholestérolémie pure (en d’autres termes : 30% de la population adulte a du cholestérol), 12% pour la cholestérolémie des HDL basses (les HDL étant le « bon » cholestérol), puis 5% pour l’hyperlipidémie mixte et enfin % pour l’hypertriglycéridémie pure. Ces chiffres sont alarmants car ils impliquent des risques de pathologies divers et variés.

Au programme : athérosclérose, infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque, risque de diabète, etc…
C’est pour dire la portée de l’étude si cela pourra s’appliquer à l’Homme ! Le fait de bloquer l’absorption des graisses au niveau intestinal permettra alors leur élimination. Et donc cela aura un impact sur le poids, sur le profil lipidique sanguin, etc..

Des pistes pour un médicament dans le blocage des récepteurs lactifères

La fermeture des récepteurs intervenants dans l’absorption des graisses au niveau des lactifères intestinaux est sous le contrôle de facteur de croissance ainsi que d’autres types de récepteurs. Pour faire simple, l’équipe a donc montré 2 choses :
– L’absorption des graisses au niveau des lactifères se fait par voie active
– En jouant sur d’autres gènes, il est possible de rendre cette incapacité à absorber les graisses de façon transitoire.
Un médicament (le Y27632) déjà utilisé en ophtalmologie existe et pourrait moduler ce mécanisme d’absorption. Ce médicament a été utilisé sur le modèle de souris. Et les résultats sont là : il est en effet capable de fermer les jonctions lactifères et de moduler la présence de graisses au niveau intestinales.
Bien que prometteur, il reste encore du chemin à la fois pour vérifier ces résultats chez l’homme et pour comprendre tous les mécanismes mis en jeu.

Sources

Inserm,
Santé Publique France,
Réalités Cardiologiques,
– Zhang F et al« Lacteal junction zippering protects against diet-induced obesity », Science, août 2018, 361 (6402).